Il reste 10 jours à la CFDT d’ici à la date limite de dépôt de nouvelles offres pour financer de manière crédible son projet de Scop devant le tribunal de commerce. Son principal atout jusqu’à présent était l’adhésion massive, aux deux tiers, des salariés actuels de SeaFrance au projet. S’y ajoute une pétition de principe des collectivités territoriales. La Région Nord-Pas-de-Calais est prête à miser 10 M€ sur le projet, sous une forme juridique à définir, pourvu que les emplois et les quatre navires soient maintenus, et à condition que l’État et la SNCF « assument leurs responsabilités », a indiqué la semaine dernière Yann Capet, président de la Commission mer du Conseil régional. La Communauté d’agglomération du Calaisis, le Département du Pas-de-Calais, et la Ville de Grande-Synthe, près de Dunkerque, ont marqué leur volonté de participer à un éventuel tour de table. Une réunion avec Pierre de Saintignon, vice-président du Conseil régional, est prévue cette fin de semaine. Un troisième atout vient s’ajouter à ce jeu risqué. Jean-Michel Giguet, 62 ans, ancien directeur général de Brittany Ferries, a accepté de prendre la direction du projet Scop s’il voit le jour. « Aujourd’hui, on ne peut pas écarter ce projet », nous a indiqué Jean-Michel Giguet le 30 novembre, « c’est pourquoi j’ai accepté de m’y investir ». « Jean-Michel Giguet croit au projet. Il apporte un soutien énorme à notre dossier », a commenté Didier Cappelle, secrétaire général du syndicat maritime Nord, en assemblée générale des salariés le 29 novembre au CE de SeaFrance à Calais.
Le ministre accepte de rencontrer la CFDT
Mais rien n’est fait sur le front du financement. La réunion à Paris avec la SNCF et l’État du 25 novembre n’a rien donné. Revenant de Dunkerque mardi matin, le ministre des Transports Thierry Mariani a accepté de rencontrer une délégation de la CFDT à l’aéroport de Calais Marck. Le ministre a reçu assez longuement les syndicalistes, sans s’engager. Il a promis d’y travailler toute la semaine à venir. Selon Didier Cappelle, le ministre va rencontrer Jean-Michel Giguet rapidement. L’assemblée générale du personnel de SeaFrance de mardi dernier s’est déroulée dans une relative bonne humeur, montrant que les adhérents à la Scop présents en nombre, de l’ordre de 300 à 400 salariés, tiennent fermement à leur projet. Didier Cappelle a demandé à chacun de « rester calme aujourd’hui ». Une marche silencieuse dans les rues de Calais pourrait être organisée sous huitaine.
Le lock-out continue
La médiation demandée par le juge des référés saisi par la CFDT pour lock-out abusif a échoué. Les quatre navires de SeaFrance sont à l’arrêt depuis le 16 novembre au matin. Le juge devrait se prononcer prochainement. « La destruction de l’entreprise se poursuit », a commenté Didier Cappelle devant ses troupes. Le 8 novembre, le directoire au complet de SeaFrance a signé une lettre adressée aux administrateurs judiciaires, les avertissant de leur projet de stopper les navires dans la nuit du 15 au 16 novembre. Les signataires, sachant manifestement quel serait le jugement du 16 novembre, ont estimé que les dirigeants de la Scop agiraient comme s’ils avaient « seule autorité sur la compagnie », et que, dès lors, « la situation deviendrait incontrôlable ».
DFDS se renforce sur Douvres-Dunkerque
DFDS Seaways a annoncé l’affrètement à LD Lines du Norman-Spirit à compter du 30 novembre pour renforcer le service Douvres-Dunkerque, engorgé par l’absence de l’offre SeaFrance. Le navire est effectivement arrivé mercredi, mais devait encore être homologué par les commissions de sécurité des deux ports pour prendre le service.
La CGT rencontre le ministre de l’Économie
La CGT a proposé au ministre François Baroin, pour sauver SeaFrance, de créer « un consortium franco-français » associant « l’ensemble des acteurs ferries regroupés sous un même consortium », pouvant travailler « au 1er registre du pavillon français en conservant le maximum d’emplois nationaux ».