Le 9 octobre 1969, Le Journal de la Marine Marchande retrace le déplacement de l’ambassadeur d’Allemagne fédérale à Marseille, le baron Sigismund von Braun. La visite dans la région Provence du représentant de l’État allemand a permis de nombreuses rencontres avec les autorités politiques et économiques. Lors d’un discours, le président de la Chambre de commerce et d’industrie de Marseille de l’époque, M. Chabas, rappelle les objectifs de l’industrialisation du golfe de Fos. « La carte de l’Europe, Marseille veut la jouer grâce à Fos », écrit Le Journal de la Marine Marchande en 1969. Et M. Chabas va plus loin en affirmant que « Fos, c’est l’instrument attendu pour la relance de l’économie régionale, c’est aussi le moyen de créer les emplois nouveaux rendus nécessaires par l’évolution de notre démographie. » Il compare Fos aux réalisations qui sont menées, à l’époque, dans les ports d’Europe du Nord. La disponibilité des terrains en arrière-plan du terminal « à la géologie adaptée à recevoir des installations industrialo-portuaires » doit conférer au port sa caractéristique de porte d’entrée du sud de l’Europe. Parce qu’il parle en présence d’un représentant de l’État allemand, le président de la CCI de Marseille ajoute un long couplet sur le canal Rhin-Rhône, « qui donnera à Marseille une voie de pénétration comparable à celles dont bénéficient les ports du nord de l’Europe. Par la voie du port de Marseille, L’Europe doit avoir sa grande porte Sud du continent ». Il rappelle les positions « extrêmement fortes » prises par les responsables économiques de Marseille. Le représentant d’Allemagne Fédérale s’est dit convaincu par le potentiel du complexe industrialo-portuaire de Fos. « En ce qui concerne la liaison Rhin-Rhône, il s’agit d’un problème non seulement français mais européen. »
Cette visite intervient quelques semaines après l’ouverture du terminal à conteneurs de Fos, devenu opérationnel en juillet 1969. Le « port ouest » de Marseille regroupant des activités conteneurs, pétrolières et minéralières est né. Déjà quelques mois plus tôt, le Premier ministre Couve de Murville prononce un discours, le 20 décembre 1968, dans lequel il déclare: « C’est ici le début d’une grande entreprise qui doit en quelques années changer la physionomie de la région de Marseille et donner une impulsion décisive à toute la région du Sud-Ouest. C’est aussi le meilleur exemple de ce grand effort de mutation et de rénovation entrepris dans toute la France. Effort qui se poursuit sans relâche au travers des difficultés qui nous traversent et qui doit conduire à faire de notre pays une grande nation dans une Europe pacifique et elle-même rénovée. »
Aujourd’hui, Marseille-Fos revient sur le devant de la scène pour retrouver ce rôle de porte d’entrée du sud de l’Europe qu’il tente de commercialiser depuis plus de 40 ans. La différence avec le discours du président de la CCI de 1969 tient au projet de canal entre le Rhône et le Rhin. Un dossier rangé en « affaire classée » depuis le discours de politique générale du gouvernement de Lionel Jospin en 1997.