Le 12 janvier 1996, le Journal de la Marine Marchande relate la création d’un nouvel armement sur le Transmanche, SeaFrance. La création de cette compagnie maritime se fait sur les cendres de la Snat, Société nationale d’armement transmanche. Cette dernière a été fondée le 1er janvier 1938 avec la création de la SNCF. Héritant de navires, la compagnie de chemin de fer a décidé de créer une ligne sur la Grande-Bretagne au départ de Dieppe. Au cours des années qui ont suivi, la Snat s’est développée. Après l’ouverture du tunnel sous la Manche en 1992 et la concurrence féroce entre compagnies maritimes et lien fixe, Stena Line, formant avec la Snat un pool sous le nom de Sealink-Stena, décide de rompre ce partenariat pour naviguer seule. Le principe de création de cet armement repose sur le concept d’un « service très français de haut niveau ».
L’armement s’est déployé peu à peu sur sa route de prédilection entre Calais et Douvres, souligne l’article du Journal de la Marine Marchande. Ce n’est que le 1er mars 1996 que SeaFrance a déployé la totalité de sa flotte, en attendant la fin des arrêts techniques des navires.
En France, l’armement a décidé, dans un premier temps, de conserver sa marque commerciale, Sealink. En Grande-Bretagne, il commercialise les services sous le nom de SeaFrance UK. Dès les premiers jours de cette nouvelle redistribution des cartes sur le Détroit du Pas-de-Calais, P&O Ferries, Stena Line, le Tunnel et SeaFrance se livre une guerre tarifaire avec un billet d’une traversée à 5 FF (0,76 €). Déjà, la compagnie maritime française est confrontée à gérer les relations avec les partenaires sociaux dans l’entreprise. Le 20 mars 1995, les accords d’entreprise ont été dénoncés. Les officiers ont signé les premiers les nouveaux accords, note l’article du Journal de la Marine Marchande, qui prévoient de passer de 96 marées annuelles à 144 dès 1996. En plus, un plan de départ en pré retraite de 12 officiers sur 74 est prévu. Quant aux négociations avec les marins, elles naviguent sur des eaux plus difficiles et peinent à trouver une solution. Les deux syndicats les plus représentatifs, la CGT et la CFDT, refusent tout changement dans le mode d’armement.
Le lancement de SeaFrance en 1996 s’est fait dans des conditions ardues. Le 16 novembre, le tribunal de commerce de Paris doit se prononcer sur l’avenir de l’armement. Quinze ans après la création de SeaFrance et 73 ans après celle de la Snat, SeaFrance devrait sortir du giron de la SNCF. Lors de la création de SeaFrance, l’article du Journal de la Marine Marchande fait état de réticence de la part des transporteurs routiers. « Les agences de voyage et les transporteurs attendent une clarification sociale au sein de SeaFrance pour s’engager auprès de l’armement français. »