Il y a deux mois, la menace de chômage partiel évoquée par la direction de la Sobrena a provoqué une levée de bouclier de la part des 245 membres du personnel (voir le JMM du 30 septembre). L’annonce d’un plan de charge a minima, menant jusqu’à novembre, a un peu calmé le jeu, mais sans effacer toutes les craintes. Les formes de radoub sont bel et bien vides et l’annonce de chômage partiel est remplacée par celle d’un dépôt de bilan.
De source très proche de l’épineux dossier, le p.-d.g. de Sobrena aurait beaucoup tardé à rendre publiques les difficultés du chantier. Ce n’est que l’été dernier qu’il aurait fait part d’une perte de 8 M€ sur l’ensemble de l’année et qu’il aurait signifié son désir d’arrêter les frais. « Au conseil portuaire de juin, personne n’a fait part des problèmes rencontrés », s’étonne encore Gérard Lahellec, vice-président de la Région. « Le patron a tout dissimulé et n’a jamais crié au feu », confirment les représentants syndicaux.
Éviter un gâchis au niveau national
Le coup de massue est d’autant plus rude que personne ne semblait s’y attendre. Accepter la disparition de la Sobrena serait porter un énorme coup à l’activité portuaire brestoise. Versant 5 M€ par an à la CCI pour la location des cales sèches, la Sobrena représente en effet près d’un millier d’emplois en comptant la sous-traitance. Elle constitue également 40 % du chiffre d’affaires du remorquage ainsi que 20 % de celui du pilotage de Brest. Et là où ça se complique, c’est que l’État et les collectivités ont très largement mis la main à la poche pour doter la réparation navale brestoise de moyens ad hoc. Le plan 2009-2014 de remise à niveau représente ainsi 31,7 M€ à lui tout seul.
Au-delà de ces considérations humaines et financières, les institutionnels font valoir que la Sobrena était le premier chantier de réparation navale lourde en France et que perdre ces investissements, cet outil et ce savoir-faire technique serait un formidable gâchis au niveau national. Prêts à toute recherche de solutions, les locaux et régionaux de l’étape en appellent donc à l’État pour sauver la réparation navale brestoise. Le préfet de Région a déjà indiqué que l’État allait débloquer 500 000 € dans un premier temps.
Pressés par les syndicats qui promettent de durcir fortement le mouvement, les institutionnels se sont mis en chasse d’un repreneur. STX et DCNS sont ainsi mis en avant. Le maire de Brest, François Cuillandre, doit rencontrer le p.-d.g. de DCNS à cet effet. Mais pour l’heure, rien ne dit que ces groupes soient intéressés. Un rendez-vous avec le cabinet d’Éric Besson, ministre de l’Industrie, a également été fixé. Mais il semble clair pour beaucoup d’institutionnels qu’il sera très difficile de trouver des solutions dans l’urgence. Ce message est très mal compris et accepté par le personnel de Sobrena d’une part, et par toute la filière portuaire d’autre part.