Il y a 45 ans… dans le Journal de la Marine Marchande

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Le 30 juin 1966, le Journal de la Marine Marchande reproduit l’allocution du président de l’association des armateurs de Suède, Axel Axson Johnson. Un discours qui prend toute sa mesure aujourd’hui. En 1966, le nouveau président des armateurs suédois appelle ses confrères à réfléchir l’armement en termes plus global que le simple transport maritime pur. « Nos efforts pour rationaliser et rendre plus efficace le transport maritime doivent donc être regardés d’un point de vue plus global. Le jour est venu où nous devons enfin comprendre que la production et la distribution ne sont pas deux choses différentes mais une seule. » Et il va encore plus loin en appelant à ôter ses œillères. « La sphère d’intérêt ne s’arrête pas et ne commence pas au bord du quai où on laisse le reste aux terriens », souligne le président des armateurs suédois. Il faut désormais considérer les entreprises de transport maritime comme des entreprises de transport et non plus comme uniquement du transport maritime. « Si nous restons cantonnés dans nos vues traditionnelles, si nous voulons limiter notre rôle au transport maritime, nous découvrirons petit à petit que nous sommes réduits au rôle de pions insignifiants dans l’énorme machinerie des transports. » Il appelle à des coopérations étroites avec les transports ferroviaires et routiers, avec les ports, les exportateurs et les importateurs pour adapter les navires aux demandes. Un discours que le groupe Bolloré saura mettre en application rapidement. Il procédera à une intégration verticale des différentes fonctions, depuis la production de matières premières en Afrique jusqu’à la distribution de certains produits en Europe en passant par la gestion des ports. Le discours révolutionnaire pour l’époque a fait bien des émules aujourd’hui. Nombreux armements ont créé leurs propres filiales manutention pour opérer les principaux ports dans lesquels ils escalent, à l’image de Mærsk, MSC ou encore CMA CGM pour le conteneur. Ces mêmes groupes ont aussi investi dans le ferroviaire, le fluvial voire le routier tant sur les continents exportateurs qu’importateurs. Être aujourd’hui armateur, manutentionnaire et transporteur terrestre ne va pas toujours sans poser des soucis. Si les gains d’une activité peuvent compenser les pertes d’une autre, elles sont toutes liées parce qu’évoluant sur le même marché comme les conteneurs, les céréales ou les minerais. Dès lors que l’économie du secteur sur lequel opèrent ces filiales s’effrite, c’est toute l’économie du groupe qui en pâtit. Preuve en est, le groupe Bolloré s’est recentré sur ses métiers de base, la logistique et la concession portuaire, abandonnant l’armement maritime. À reprendre le discours de 1966, il serait aujourd’hui judicieux de s’interroger sur l’utilité de conserver un pied dans le maritime.

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