À la suite du suicide, le 14 février, du commandant qui était à bord du CMA-CGM-Lapérouse, lorsque ce dernier est entré en collision le 23 décembre 2010 avec un fluvio-caboteur de 90 m au large des Pays-Bas, les syndicats de navigants ont décidé de mener une enquête interne avec l’assistance d’un cabinet spécialisé. La commission d’enquête, composée de membres du CHSCT, a rendu il y a quelques semaines son rapport sur les circonstances qui ont mené, directement ou indirectement, le commandant au suicide; ce dernier ayant, par écrit, mis directement en cause un membre de la direction générale. Publié en avril, le rapport du BEA mer a estimé que le facteur déterminant de la collision qui n’a fait ni blessé, ni pollution, réside dans la décision « tardive » du jeune lieutenant qui « a commis une erreur d’appréciation ». Il n’y a aucun autre facteur expliquant cette collision si ce n’est l’absence de tentative de manœuvre de dernière minute de la part du fluvio-caboteur. Le BEAmer recommande au groupe CMA CGM « d’améliorer le processus de familiarisation aux nouveaux navires pour les officiers chargés du quart », et note que l’organisation du travail en vigueur jusqu’à la date de l’accident était « contraire aux dispositions de la convention Solas », en période d’obscurité. Pas un mot sur une éventuelle responsabilité du commandant. De sources concordantes, la commission d’enquête estimerait que l’état psychique du commandant a été fortement affecté par la longue incertitude dans laquelle il a été laissé au sujet de son avenir professionnel, à la suite de la collision. Son employeur démentirait avoir songé à le sanctionner. Il serait donc recommandé de rendre transparent, compréhensible et assez rapide le processus de décision menant à une éventuelle sanction du commandant, à la suite d’un événement de mer important.
Compte tenu de la difficulté de déceler un « candidat » au suicide, il serait également recommandé de mettre en place un accompagnement psychologique de tout marin impliqué dans un sévère événement de mer. Ces courtes recommandations doivent être prochainement présentées aux commissions paritaires officier et personnel d’exécution. L’inspection du travail doit également remettre son rapport.