Martine Bonny, Madame 79 % de Dunkerque

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La nouvelle est tombée le 5 août: « Par décret du président de la République en date du 1er août 2011, Martine Bonny, administratrice civile hors classe, est nommée inspectrice générale de l’administration du développement durable », indique le Journal officiel de ce jour. Une nomination qui oblige la présidente du directoire du Grand port maritime de Dunkerque a quitter ses fonctions. Après trois ans d’activité sur les rives de la mer du Nord, Martine Bonny fait ses au revoir au personnel.

« Trois ans et demie de succès, cela aurait mérité un peu plus », a regretté Jean-Luc Vialla, président du conseil de surveillance du Grand port maritime de Dunkerque. Ce fut soudain, mais la mobilisation de toutes les équipes du port permet de garder la même allure, a rappelé Jean-Luc Vialla. « Tu pars alors que nous commençons à récolter les fruits de trois ans et demi de ton travail intense. Nous le constatons avec la progression du trafic conteneurisé en septembre qui atteint 79 %. Tu pars avec cette image de Madame 79 %. »

La voix teintée d’émotion, Martine Bonny a surtout retracé son action à Dunkerque. Son mandat sur les quais de la mer du Nord a été marqué par des éléments prévisibles, a commencé Martine Bonny, se rappelant de son action menée sur la réforme portuaire: mise en place de la nouvelle gouvernance, des nouvelles conditions de travail dans la manutention et du détachement d’une partie du personnel portuaire, et enfin, le travail sur le projet stratégique du port. « L’achèvement de la réforme s’est fait à Dunkerque dans l’esprit de la loi. L’audit mené récemment par la Cour des comptes l’atteste. » Dunkerque, place portuaire réputée pour son calme social, n’a pas été épargnée par les mouvements sociaux liés à la pénibilité. « Nous avons fini par y arriver, collectivement entre les manutentionnaires, les partenaires sociaux et les équipes du port. Une tâche parfois difficile, alors je tiens encore à remercier tout le monde pour ce travail fourni. » Parallèlement à ce dossier de la réforme, la présidence du directoire de Martine Bonny a été marquée par des éléments exogènes avec, en point d’orgue, la décision de la fermeture de la Raffinerie des Flandres. « Nous y avons passé du temps. Je pars sans avoir pu boucler ce dossier mais je crois qu’il est en bonne voie de résolution. »

Autre dossier imprévu, le départ de l’opérateur du terminal à conteneurs. Concédé d’abord à APM Terminals, le terminal a rapidement montré des signes d’étiolage. « Le groupe CMA CGM est tout de suite venu se porter candidat quand, dans le même temps, il s’est trouvé confronté aux premières difficultés financières. » Le passage de APM Terminals à Terminal Link, filiale du groupe français, s’est fait sans trop de douleur. Un passage de témoin qui se traduit aujourd’hui par cette progression de 79 %. Enfin, Martine Bonny laisse sur son bureau un dossier pour la construction du terminal méthanier du Clippon, dont les premiers coups de pelle ont été donnés récemment.

Le port est une entreprise compétitive

Martine Bonny part le devoir accompli, mais, elle le dit, de nombreux dossiers demeurent sur le bureau du suivant, ou de la suivante. « Le port est une entreprise compétitive. Vous êtes à un niveau élevé de compétitivité à modèle social comparable. Vous devez le conserver. Je vous souhaite la plus belle vie que nous puissions imaginer pour Dunkerque », a conclu Madame 79 %.

Martine Bonny a toujours été une exception dans le milieu portuaire français. Diplômée de l’école des Langues orientales, elle rejoint ensuite Sciences-Po puis l’ENA avant d’entrer au ministère de l’Équipement à la direction des ports. Elle part quatre ans à Bercy et revient aux transports en 1987 pour finalement quitter les ministères et entrer dans l’opérationnel comme directrice générale du Port autonome de Rouen, en mai 2004. Elle devient la première femme à diriger un port de cette importance. À l’époque, les professionnels de la place s’insurgent contre l’arrivée de cette dame. « Elle n’a pas de sens commercial », reprochent certains opérateurs, allant jusqu’à écrire au ministère leur étonnement et les reproches. Il en faut plus pour déstabiliser Martine Bonny qui tiendra bon la barre. Elle saura démontrer son professionnalisme et bénéficier de toutes les équipes, parce que Martine Bonny a toujours aimé travailler en équipe.

L’épisode rouennais de Martine Bonny est marqué par l’ouverture d’un dossier essentiel pour le port, le lancement des études pour l’approfondissement du chenal. Elle entame une étude sur les évolutions des trafics de céréales pour en tirer la conclusion, qui est aujourd’hui admise comme une évidence, du passage à court terme à l’entrée en service de plus en plus fréquente de navires handymax par les céréaliers. Il faut, pour continuer le trafic céréalier à Rouen, approfondir le chenal. Le dossier est ouvert, elle ne le mènera pas à son terme puisqu’elle quitte les rives de la Seine en septembre 2008 pour rejoindre les quais dunkerquois.

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