Le 6 octobre au bowling de Calais, la CFDT a précisé son projet de Scop devant quelque 200 salariés, trop peu, au gré du secrétaire général Didier Cappelle, qui a également présenté le pilote du projet. Il s’agit d’Élisabeth Teboul, ingénieur de formation, retraitée de la SNCF, ancien contrôleur de gestion de SNCF participations, auteur du plan de redressement de l’entreprise routière Rouch International. « Notre projet tient la route. Il permet à la SNCF de sortir la tête haute sans plan social. Mais il faut une adhésion massive des salariés pour emporter la décision du tribunal. La bataille sera rude », a expliqué le leader cédétiste. La Scop en constitution propose d’acquérir les quatre navires de la flotte pour l’euro symbolique, sans reprise de dettes. Elle reprendrait l’ensemble des 876 salariés actuels (dont 235 sédentaires), dans les conditions actuelles d’emploi (avec un coefficient à bord de 2,77). Le siège serait transféré à Calais, la direction réduite. Selon Didier Cappelle, le besoin en fonds de roulement est moins important que prévu, probablement de l’ordre de 20 M€. Une somme mobilisable en prenant en gage la flotte, d’une valeur nette d’au moins 150 M€, estime-t-il. Il est demandé à chaque salarié actionnaire de s’engager sur au moins deux parts de 50 €. Les associés s’engagent en outre à verser 2 % de leur salaire pour souscrire à de nouvelles parts sociales sur une période déterminée.
Un résultat nettement positif en 2014
Élisabeth Teboul a présenté un business plan assis sur « l’engagement de chaque salarié ». Ce plan prévoit « une belle progression du chiffre d’affaires », de moins de 150 M€ cette année à 167 M€ en 2012, 177 M€ en 2013, et 189 M€ en 2014. Le résultat opérationnel passerait à l’équilibre en 2013 et deviendrait nettement positif en 2014. Moyennant un travail sur les dates de règlement de tous les produits et charges, le besoin en fonds de roulement serait négatif, ce qui est nécessaire car, souligne Élisabeth Teboul, « la partie se gagne sur le cash ». Mais elle se gagne d’abord sur l’adhésion. Le syndicat recherche 1 000 associés, salariés et anciens salariés. Tout de suite.
Les chances du plan de continuation
La Commission européenne a mis à mal le premier Nouveau plan industriel (NPI) à l’œuvre depuis octobre 2010, pour trois motifs: viabilité douteuse, retour tardif à l’équilibre (2016); insuffisance de contribution propre au redressement; et distorsion de concurrence, ce qui oblige la compagnie à retirer un navire. Le « NPI 2 » en tient compte. Le plan de continuation retire le SeaFrance Nord-Pas-de-Calais et supprime 200 emplois. Le nouveau business plan, assis sur une conjoncture un peu meilleure, vise le retour à l’équilibre à 2015. Est-il crédible? « Il est évident, répond la compagnie, que le retrait d’un navire réduit la part de marché escompté pour le fret. […] En retirant de la capacité sur le marché, il devrait participer à un redressement des prix. »
Le calendrier
• 14 octobre: prochain Comité d’entreprise exceptionnel de SeaFrance. Ordre du jour: les projets DFDS/LDA, et SCOP.
• Les 18 et 20 octobre: rapport d’expert au CHSCT sur le plan de sortie en continuation.
• 20 octobre: limite de remise des offres par les candidats à la cession.
• 21 octobre: dernière réunion du CE. Il s’exprimera sur les différentes solutions.
• 25 octobre: audience du tribunal de commerce. Possible délibéré.
• 28 octobre: fin de période d’observation du redressement judiciaire.
La saison
– SeaFreance a connu « une activité de saison légèrement en deçà de l’évolution du marché pour les passages tourisme, indique la compagnie, mais au-dessus du marché pour l’activité fret, avec une offre améliorée par rapport à l’exercice précédent ». Le SeaFrance Nord-Pas-de-Calais n’était pas aligné en août 2010. « Les recettes unitaires sont toujours tirées vers le bas par la concurrence », signale encore SeaFrance.