L’objectif de cette procédure est d’obtenir de la part de Bolloré Africa Logistics (BAL) et de l’État guinéen une indemnisation pour le préjudice subit par cette résiliation selon la perte de la marge brute et des bénéfices non réalisés, dont le montant est estimé à environ 98 M€, et des dommages et intérêts pour les frais liés à cette résiliation dont le montant approche 100 M€. Dans sa procédure, Getma demande dédommagement solidairement aux deux parties incriminées, Bolloré Africa Logistics et l’État guinéen.
Le groupe de Vincent Bolloré s’est toujours défendu d’avoir mené une action pour récupérer le terminal. « Nous n’avons rien pris à Getma, se défendent les responsables de BAL. Nous avons négocié directement avec l’autorité portuaire après le décret présidentiel annulant la concession à Getma le 8 mars. »
De leur côté, les avocats de Getma soutiennent que le contrat de concession signé avec le gouvernement guinéen le 22 septembre 2008 a prévu des clauses de résiliation que l’État guinéen n’a pas respectées.
Des tensions accumulées
La tension judiciaire entre Getma et BAL remonte au début de l’année. Alors que Getma est concessionnaire du terminal à conteneurs du port de Conakry, le conseil d’administration du port publie un procès-verbal de réunion le 11 février décidant de retirer la concession à Getma pour non-respect de ses obligations. Le 8 mars, un décret présidentiel résilie la convention. Le 10 mars, l’État a réquisitionné le matériel et les bureaux de Getma. Le Port autonome de Conakry a opéré pendant 30 jours le terminal. Bolloré Africa Logistics est intervenu sur le port le 11 avril.
Outre cette procédure devant le tribunal de Nanterre, Getma et BAL ont deux arbitrages en cours. L’un devant la commission d’arbitrage d’Abidjan et l’autre au Cirdi à Washington sur la protection des investissements étrangers.
Getma et Bolloré Africa Logistics s’opposent sur de nombreux points à propos de ce terminal. Selon le groupe Bolloré, Getma n’a pas réalisé d’investissements sur le terminal pendant qu’il en a eu l’exploitation. En effet, au mois de mai, le terminal est apparu dans un état de délabrement avancé. Depuis lors, Bolloré Africa Logistics a commencé ses travaux. Pour sa défense, Getma avance la situation politique difficile tout au long de l’exploitation du terminal avec quatre présidents de la république successifs et la concession suspendue après la mort de Lassana Conté. « Nous avons justifié cet état de fait par un audit », souligne Grégory Querel, président du directoire de Necotrans. Le manque d’investissements? « Nous devions démarrer les investissements dès que nous réceptionnions la plate-forme ferroviaire en retrait du port. Nous ne l’avons jamais obtenue. Nous avons investi dans du matériel de manutention dont des reachstackers et des grues de quai. » En Guinée, cette pomme de discorde ne semble pas émouvoir. La population a fait le constat: en plus de deux ans de présence, Getma n’a réalisé que peu d’investissements quand aujourd’hui Bolloré Africa Logistics a déjà commencé les travaux d’agrandissement du port. Et pour cette fois, en Afrique, une bataille d’éléphant n’a pas couché l’herbe.