Deux nouvelles entités sont nées, le GMCE, groupement d’employeurs qui réunit les grutiers, mécaniciens et conducteurs d’engins, et la SAS LaRomane (Société par actions simplifiée La Rochelle maintenance outillage et nettoiement). Le GMCE emploie désormais 11 grutiers et 5 électriciens et est présidé par Francis Grimaud, également à la tête d’EVA, Établissement vraquier de l’Atlantique. La SAS LaRomane est quant à elle chargée de l’entretien et de la réparation des outillages et des quais. À la différence du GMCE ou du GMOD des dockers, elle n’est pas seulement employeur de main-d’œuvre mais détient aussi du matériel. Pour cette raison, elle s’est créée en tant que GIE, Groupement d’intérêt économique. Elle regroupe quinze personnes et fait partie des adhérents du GMCE.
« Les patrons nous écoutent »
Les suites de la réforme se passent bien. « Nous n’avons pas envie de repartir dans un bras de fer », assure Jean Canonge. Des négociations ont repris après que la réforme ait été rendue effective en mai dernier. Elles portent notamment sur les conditions de travail des grutiers et l’organisation de ce travail. « Comme aucun accord n’est encore signé, nous continuons comme c’était avant. Nous, nous voulons garder ce que nous avons. Mais c’est vrai que les discussions sont moins compliquées et difficiles qu’à d’autres moments. » Les grutiers sont aussi conscients des surprises que découvrent au fur et à mesure leurs nouveaux employeurs. « Avant, ils commandaient un service », rappelle Jean Canonge. « Maintenant, sur ce même service, ils ont aussi la charge des grues et de leur entretien. Et ce n’est pas gratuit. La moindre pièce coûte une fortune et la moindre intervention nécessite deux ou trois personnes. » Il considère qu’il a désormais en face de lui un véritable groupement d’employeurs plus qu’un patron. « Ce sont des gens qui nous écoutent, qui cherchent à comprendre comment nous fonctionnons. »
Depuis le début des discussions sur la réforme, les grutiers veulent intégrer le GMOD. Les employeurs ont souhaité un délai de réflexion et ont préféré créer le GMCE en renvoyant à plus tard la demande des grutiers. Désormais, avec le feu vert du syndicat au niveau national, des négociations ont démarré sur cet aspect précis. Il entraînera la disparition du GMCE et la réunion dans un groupement unique des dockers et des grutiers. « Nous devrions être le premier ou deuxième port à y arriver. »
Dockers: rajeunissement des effectifs
Les dockers sont 85 professionnels et une trentaine d’occasionnels employés par le GMOD, groupement de main-d’œuvre des dockers. Les adhérents en sont le groupe Bolloré par ses deux filiales rochelaises, Cogema et SGMT, Maritime Kuhn et Delpech Maritime, une des sociétés du Groupe Sica Atlantique. Une partie des 85 professionnels part en préretraite amiante, dont 6 à la fin septembre. « Ils sont remplacés par des occasionnels qui vont passer en CDI », explique Pascal Zini, de la CGT dockers. Ces embauches n’ont pas été acquises d’avance. « Les employeurs auraient préféré garder des précaires. Mais ils ont accepté de renouveler les effectifs après les départs. Les discussions avec eux sont plus sereines en ce moment qu’à certaines époques… » Les effectifs des dockers sont en plein rajeunissement. « Après la réforme de 1992, les dockers professionnels alors en poste sont restés actifs plusieurs années et il n’y a pas eu d’embauche. Le renouvellement se fait actuellement. Sur les 85 dockers, nous ne sommes plus que 8 cartes G, sourit Pascal Zini. Tous les autres sont dans le nouveau système. » Côté gouvernance du port, il considère que la réforme de 2008 « a chassé les ouvriers du Conseil de surveillance, alors que c’est l’instance qui prédomine ». Dockers et grutiers ne sont plus représentés que dans le Conseil de développement. « Nous sommes juste là pour apporter un avis, pas pour participer aux décisions », reproche Pascal Zini.