JOURNAL DE LA MARINE MARCHANDE (JMM): QUEL EST LE FONCTIONNEMENT DU CONSEIL DE DÉVELOPPEMENT?
MICHEL GRENOT: Après avoir élu un président et un vice-président et entériné un règlement intérieur, trois commissions permanentes ont été créées: une commission économique, une pour le transport et les infrastructures, une concernant la qualité, la sécurité et les relations avec les usagers. Notre particularité, à La Rochelle, c’est qu’elles se réunissent très régulièrement. Tous les sujets y sont abordés, depuis l’éclairage qui ne marche pas bien jusqu’aux tarifs ou aux envies du port de faire passer une augmentation de ces tarifs. Nous sommes là pour tempérer. Nous faisons le lien entre les utilisateurs et le port qui prend les décisions.
RENÉ MURATORE: Dans chaque commission, un représentant du port est invité. Cela garantit un lien entre le quotidien et le ressenti des utilisateurs du port et le port lui-même. Il n’y a pas de non-dit. Cela nous permet d’aborder des sujets qui faisaient auparavant l’objet de décisions sans consultation. Les choses avancent ainsi plus vite.
JMM: CONCRÈTEMENT, COMMENT CELA SE TRADUIT-IL?
RENÉ MURATORE: Prenons par exemple la commission transport et infrastructures. Historiquement, le port a été vendu comme un port en eaux profondes. Pour maintenir cette image face à des navires dont le tirant d’eau est de plus en plus important, il faut que les aménagements suivent. Les investissements concernant le déroctage relèvent du port et donc de l’État. Mais depuis la réforme, les usagers-clients ont été consultés sur les priorités à donner au programme de déroctage.
MICHEL GRENOT: Le Conseil de développement doit être consulté et donner son avis sur la politique tarifaire et l’exécution du projet stratégique. Nous, nous dépassons largement ces objectifs. Lors de chaque réunion du Conseil est présentée une synthèse du travail de toutes les commissions. Une fois par an, le Conseil de développement arrête une synthèse annuelle de tous leurs travaux et il établit une feuille de route pour l’année suivante. Ces deux documents, la synthèse annuelle et la feuille de route, sont présentés au Conseil de surveillance par le président du Conseil de développement. Cela peut sembler ambitieux de la présenter aux gens qui décident. Mais nous y écrivons des choses acceptables. Nous sommes capables de trouver un consensus. Lors des rencontres avec les autres présidents de conseils de surveillance, ils sont surpris de notre fonctionnement à La Rochelle. Ailleurs, il semble qu’il y ait davantage d’affrontements entre usagers et instances portuaires…
JMM: LE RÔLE DU CONSEIL DE DÉVELOPPEMENT EST-IL PUREMENT CONSULTATIF OU INFLUE-T-IL VÉRITABLEMENT SUR LA POLITIQUE PORTUAIRE?
RENÉ MURATORE: Les travaux des commissions ont un effet majeur. La commission sécurité, qualité et relations avec les usagers a mis aussi en place un suivi qualitatif de ses demandes. Elle a listé l’ensemble de ses demandes d’amélioration et assure ensuite le suivi de ce qui est fait par le port et par les entreprises du port.
MICHEL GRENOT: Pour que ce mode de relations avec le port se passe bien, il fallait que ce soit fait en toute transparence. Cela a servi la cause des entreprises qui n’hésitent plus à poser des questions. Et le port sait qu’il ne peut pas faire ce qu’il veut en se réfugiant derrière une absence de transparence.
RENÉ MURATORE: Un autre exemple est celui de la commission économique. Elle s’est penchée sur les différentes politiques tarifaires. Suite à la réforme portuaire, l’outillage et une partie des personnels ont été transférés et des conventions de terminal ont été passées. La problématique, aujourd’hui, concerne la répartition des coûts du passage portuaire, les droits de coque et les droits de marchandise. Nous avons engagé une réflexion sur ce sujet et des travaux sont en cours pour faire des propositions.
JMM: QUELLES SONT LES RELATIONS DU CONSEIL DE DÉVELOPPEMENT AVEC LES RIVERAINS DU PORT?
MICHEL GRENOT: Le Conseil de développement, l’Union maritime et le port sont très attentifs aux relations ville-port. Pourtant, il y a un aspect que nous n’avons pas su véritablement aborder. Les riverains se plaignent des poussières des cheminées trop hautes [celle de l’usine Holcim, n.d.l.r.]. À travers les réunions publiques, nous nous sommes aperçus que nous étions désarmés face à une manière d’aborder les choses de manière outrancière. Alors qu’un travail énorme a été fait par Holcim dans les réunions avec les associations pour parler vrai. Nous, nous sommes convaincus que le développement du port passe par le respect de l’environnement, même si ça a un coût.