JOURNAL DE LA MARINE MARCHANDE (JMM): COMMENT L’UNION MARITIME EST-ELLE PRÉSENTE DANS LA NOUVELLE GOUVERNANCE PORTUAIRE?
PHILIPPE JOUSSEMET (P.J.): Les cinq membres du Conseil de surveillance sont Xavier Beulin, un représentant de la Chambre de commerce et d’industrie, un industriel, un banquier et un membre de l’Union maritime. Il n’était pas prévu dans la réforme portuaire qu’il y ait dans ce conseil quelqu’un qui soit directement lié au port. Mais qui loue les hangars? Qui est manutentionnaire? Quand le port était Port autonome, les professionnels étaient alors majoritaires dans le conseil. Nous nous sommes sentis frustrés avec la réforme et dépossédés de notre pouvoir. Finalement, notre demande a été entendue et validée par le ministre des Transports.
Si nous sommes dans le Conseil de surveillance, c’est pour faire le relais entre le port et les professionnels. Même si la confidentialité des dossiers est respectée, c’est important qu’il y ait ce relais dans l’instance décisionnaire.
L’Union maritime est également présente dans le Conseil de développement. Pour le premier collège, composé des professionnels, tous les membres sont nommés par le préfet de région. J’ai souhaité que ce collège soit représentatif, à l’image du conseil d’administration de l’Union maritime, des filières et des métiers du port: bois, céréales, pétrole, manutentionnaires, chargeurs… Et qu’ils soient représentés par les présidents des différents syndicats. Même si nous n’y sommes pas majoritaires, le but est d’être une force de proposition.
JMM: COMMENT PASSE LE MESSAGE DE L’UNION MARITIME?
P.J.: Nous avions le choix entre deux positions. L’une est à l’ancienne: nous nous sentons dépossédés de tout et nous nous comportons comme des clients qui louent du stockage, des places à quai et qui, s’ils ne sont pas contents, vont voir ailleurs. L’autre position, celle que nous avons choisie, est celle de partenaires. Nous sommes dans les instances, mais pas dans l’opposition. Parce que c’est de l’intérêt de tout le monde que le port se développe. Le statut de Port autonome puis celui de Grand port maritime ont boosté l’activité et apporté des financements, c’est évident. Nous, nous sommes là pour accompagner les décisions en étant participatifs. Nous sommes à l’origine des trois commissions mises en place au sein du Conseil de développement. Et chacune de ces commissions est dirigée par un membre de l’Union maritime.
JMM: SUR QUOI PORTENT LES AVIS RENDUS PAR LES COMMISSIONS?
P.J.: Les commissions se réunissent chaque mois sur les questions d’actualité du port et invitent des personnes ressources dans leurs débats. Par exemple, s’il s’est produit un problème de sécurité sur un pétrolier, la commission cherche comment faire pour que cela ne se reproduise pas. Avant le transfert de l’outillage, quand une grue était en panne, la commission en analysait les raisons et les conséquences, en présence du directeur technique. Elle cherche d’abord à résoudre le problème.
Une autre question est celle des paquebots, qui n’ont pas de quai dédié. Depuis la réforme ont été mises en place les Autorisations d’occupation territoire. Quelles solutions peut-on proposer pour les paquebots qui arrivent le samedi?
JMM: AU-DELÀ DES PROPOSITIONS, L’UNION MARITIME A-T-ELLE DES ACTIONS CONCRÈTES SUR LE PORT?
P.J.: Nous travaillons sur l’informatique portuaire et les contrôles qui ont été renforcés sur le transit de marchandises, avec les systèmes ECS et ICS (Export Control System, Import Control System). Toute marchandise doit être déclarée aux douanes, qui incitent fortement à l’informatisation des documents qui sont encore souvent sur papier. Pour répondre au règlement international, le nouveau système oblige à des déclarations qui ne se faisaient pas auparavant et qui concernaient seulement les commissionnaires en douanes. Aujourd’hui, tout le monde peut l’être. Le système qui s’est mis en place est une sorte de guichet unique, plus global et plus homogène. Le port nous aide pour son organisation et c’est l’Union maritime qui porte l’informatique portuaire, qui va acheter la licence et la revendre à ses membres. En effet, nous ne pouvons le lancer que si nous avons l’adhésion de la place portuaire.
JMM: QUELLE EST L’INCIDENCE DE CE MODE DE FONCTIONNEMENT SUR VOS RELATIONS AVEC LE PORT?
P.J.: Aujourd’hui, nous sommes dans une forme d’échange et de confiance qui favorise les affaires. Le port communique sur ses projets, ce qu’il fait et ce qu’il va réaliser. C’est vrai que c’est sans doute plus facile que dans d’autres ports du fait de la taille du nôtre. Mais ça donne une plus grande lisibilité des projets de l’État qui permet aux professionnels de faire leur business commercial.