En entrant dans le cercle des Ports autonomes puis des Grands ports maritimes, La Rochelle a naturellement vu ses activités prendre un nouvel élan. Les trafics sont depuis en constante augmentation et la barre des 10 Mt devrait être franchie dans les toutes prochaines années. Pour y parvenir, le port accroît son potentiel et multiplie les grands chantiers: Anse Saint-Marc, La Repentie, terre-plein nord du bassin à flot et déroctage du chenal d’accès. Le premier quai de l’Anse Saint-Marc a été livré au printemps et un second va suivre pour une mise en service fin 2013. Ces deux opérations sont inscrites au contrat de projet 2007-2013. La première opération a représenté 23 M€, la seconde portera sur 12 M€, avec un cofinancement assuré à 75 % par l’Europe, l’État, Région, Département, Communauté d’agglomération. Au total, elles représenteront 360 m de quais.
Sur les 11 ha de terre-plein qui bordent les deux quais, 8 sont déjà occupés. S’y sont installés l’exploitant du terminal, EVA, Établissement vraquier de l’Atlantique, Vracs de l’ouest, une unité cimentière de stockage et d’ensachage et l’usine de broyage de clinker Holcim, encore en construction actuellement. Cette dernière représente à son tour un investissement de 70 M€. Un embranchement ferroviaire est en cours d’aménagement sur le site et devrait être terminé début 2012. Tous les terminaux du port seront alors reliés au réseau ferré. Une bande transporteuse, capotée et équipée de filtres afin d’éviter les nuages de poussière qui pourraient irriter les riverains, desservira à la fois EVA, Holcim et Vracs de l’ouest. Elle sera mise en service courant 2012. Sans l’attendre, Vracs de l’ouest devrait démarrer son activité en janvier en commençant d’abord par du brouettage. Quant au deuxième quai, qui sera aménagé dans le prolongement du premier, le port réfléchit actuellement à l’appel à projet à l’adresse des entreprises qui seront candidates pour s’y installer.
35 ha de terre-plein en déchets recyclés
L’autre grand projet du port est le site de La Repentie, entre l’Anse Saint-Marc et le pont de l’île de Ré. Là encore, les travaux sont en cours de réalisation, pour un montant de 9 M€. Une noria de camions achemine les enrochements qui forment la digue de 1 450 m de long. Celle-ci sera terminée fin 2012. Il restera alors à remplir le casier formé entre cette digue et l’ancienne rive de 3,3 Mm3 de gravats pour former un nouveau terre-plein de 35 ha. Le port a joué la carte du développement durable et du recyclage: l’opération sert aussi d’exutoire aux déchets inertes du bâtiment, déchets produits sur l’ensemble de l’agglomération rochelaise et l’île de Ré.
Actuellement, les matériaux forment un énorme tas de 600 000 m3 stockés à l’extrémité de l’Anse Saint-Marc. Ils vont être poussés dans le casier dès que la digue sera achevée. Selon les volumes que peut apporter le secteur du bâtiment, il faudra 10 à 15 ans pour accumuler les 3,3 Mm3 nécessaires et finir de combler le casier. Le remplissage se fera donc au fur et à mesure et les concessions de La Repentie seront livrées par tranches. La première est annoncée pour 2013.
Enfin, il reste encore 5 ha de surfaces disponibles sur la partie nord du bassin à flot. Actuellement, cet espace est coupé par la route. Celle-ci va donc être déplacée contre la falaise qui fait la frontière entre le quartier de La Pallice et la zone portuaire, et la partie centrale réaménagée. « Aujourd’hui, nous disposons de 233 ha terrestres sur les 450 ha du DPM, indique Philippe Guillard, directeur des opérations portuaires, auxquels s’ajoutent les 50 ha d’extension par poldérisation. C’est important d’avoir des surfaces terrestres à proposer aux entreprises pour la réception des marchandises, leur stockage ou leur transformation. »
Un peu plus profond
L’autre axe de développement pour l’activité portuaire est l’approfondissement des fonds marins. Même si La Rochelle tire fierté de ses capacités nautiques et du fait d’être le seul port en eaux profondes de la façade atlantique, elle ne compte pas en rester là. « Les navires actuellement en construction pour la pâte à papier ou les produits pétroliers sont de plus en plus imposants, rappelle Philippe Guillard. Nous avons chargé cette année un navire de 70 000 t de céréales. Nous devons pouvoir continuer d’accueillir ce type de navires dans les meilleures conditions. » Cela passe par l’augmentation de la capacité d’accueil grâce aux nouveaux quais. Et par l’accessibilité pour les navires. La Rochelle a cet avantage d’avoir des besoins en dragage limités. Le port dépense 1,2 M€ à 1,3 M€ par an sur ce poste, dix fois moins que ses voisins de Bordeaux et Nantes. Si elle dispose déjà d’une profondeur de 16 m pour ses chenaux d’accès, avec un marnage de 7 m, elle prévoit d’aller plus profond encore et compte lancer en 2013 un gros programme de déroctage afin de gratter quelques bosses dans le chenal et gagner encore un peu de tirant d’eau. « Le coût est tel que nous ne pouvons pas être trop ambitieux », souligne cependant Nicolas Gauthier, président du directoire. « Gagner 10 cm de profondeur coûte 1,3 M€; 1 m, 13 M€… » Une grande concertation a donc été organisée sur la place portuaire pour connaître les besoins précis des entreprises sur les prochaines années. Le programme de déroctage qui en est sorti porte sur 6,2 M€.