Cap sur les 10 Mt

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L’ambition est clairement annoncée: le Grand port maritime de La Rochelle vise les 10 Mt de trafic et compte les atteindre en 2014 ou 2015. L’objectif semble accessible. En effet, le port affiche une croissance soutenue encore cette année, avec une progression de 5,6 % sur les huit premiers mois. Nicolas Gauthier, le président de son directoire, compte dépasser cette année les 8,4 Mt de trafic enregistrées l’an dernier.

La seule ombre au tableau vient des céréales, qui représentent la première marchandise dans les trafics rochelais avec un volume l’an dernier de 3,6 Mt. Du fait de la sécheresse du printemps dernier, les moissons n’ont pas donné les mêmes rendements que les années précédentes et le port s’attend donc à des trafics un peu moindres que les trois dernières années.

Cependant, les chiffres de juillet et août viennent pour l’instant démentir ces pronostics. Les volumes exportés en juillet sont équivalents à ceux de 2010, et août a même enregistré une augmentation de 60 %. « La collecte est moindre, mais la qualité est très bonne, note Nicolas Gauthier, président du directoire. Cela renforce la très bonne image de La Rochelle. »

Progression des vracs au détriment des ports voisins

Quel que soit le volume de la récolte, il sera de toute façon difficile de faire mieux que 2010 qui a représenté une campagne record pour les céréales. Et pas seulement pour les céréales. Sur la plupart des marchandises, les trafics ont en effet enregistré l’an dernier une croissance à deux chiffres: + 20 % pour les céréales tout comme pour les vracs agricoles, + 47 % pour les vracs industriels, ou encore + 28 % pour les produits papetiers. Seul point négatif, la baisse de 10 % des trafics de grumes, mais la tendance n’est pas nouvelle. Les produits pétroliers qui, avec 2,5 Mt en 2010, constituent le deuxième grand poste des trafics, sont restés stables avec une augmentation de « seulement » 1,8 %.

Pour l’année 2011, les chiffres sont toujours en progression, mais plus modérée. Sur les huit premiers mois de l’année, les céréales ont accru leur trafic de 3,49 %. Les produits pétroliers de 3,68 %. Les produits forestiers et les sables sont stables, avec pour l’un et l’autre des baisses respectives de 0,53 % et 0,22 %. Seuls les vracs agricoles s’en tirent brillamment, avec une hausse de 27 % qui suit la précédente progression de 20 %.

Le trafic de ces vracs agricoles a porté l’an dernier sur 630 000 t et il atteint déjà 451 000 t sur les huit premiers mois de 2011. Sa croissance est liée au développement de l’hinterland agricole, à la diversification des marchandises dans le but de charger aussi pour leur voyage retour les camions qui apportent des céréales. Ces vracs portent sur des tourteaux de soja et de tournesol, des blés fourragers et des engrais. Avec eux, La Rochelle grignote légèrement le trafic de Montoir et plus sérieusement celui de Bordeaux.

Les conteneurs n’intéressent pas la région

Viennent ensuite quelques niches des trafics rochelais. Celui des éoliennes est en plein développement. « C’est un trafic qui se pérennise », indique Nicolas Gauthier, président du directoire. « Nous recevons des éléments d’éoliennes fabriqués en Espagne et en Allemagne et destinés aux champs d’éoliennes terrestres de la région. » Quant aux conteneurs, ils restent une activité très marginale à La Rochelle avec 5 000 à 7 000 boîtes par an. Ils concernent essentiellement des produits forestiers. Même si la question d’un développement de leur trafic revient régulièrement chez les usagers du port, le port en rejette l’idée. « Nous ne sommes pas dans une région très industrialisée », souligne Philippe Guillard, directeur des opérations portuaires. « Il n’y a pas d’entreprise qui ait besoin de réceptionner de la marchandise par conteneur. »

« Sur l’ensemble des trafics, la tendance est bonne, se réjouit Nicolas Gauthier. Nous espérons même être un peu au-delà des résultats de 2010. Nous devrions nous maintenir au-dessus de la barre des 8 Mt. Et même en progression par rapport aux 8,4 Mt de l’an dernier. »

Le cognac s’est échappé

Historiquement, La Rochelle était le port d’expédition du cognac. Le marché est colossal. 96 % des eaux-de-vie charentaises sont en effet vendues à l’exportation, essentiellement vers l’Asie et l’Amérique du Nord. En 2010, cela a représenté un chiffre d’affaires de 1,86 Md€, l’équivalent de 35 Airbus A320. Pourtant, aujourd’hui, les bouteilles de Hennessy, Rémy Martin, Martell ou Courvoisier sont expédiées uniquement au départ du Havre et surtout d’Anvers. Parce qu’elles partent par conteneurs et que le port rochelais ne serait pas suffisamment équipé pour en assurer le trafic. Surtout, ce qui se murmure autour du port, c’est que les mouvements sociaux sur le port rochelais ont été jugés trop fréquents par les grandes maisons de négoce et leurs riches clients et ont fini par les lasser. Ils ont préféré assurer les expéditions et aller chercher ailleurs la sécurité des trafics. Quitte à accroître le coût énergétique du cognac, malgré un intérêt de plus en plus affirmé du négoce pour le développement durable. Mais dans les vignes plus que sur les routes…

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