Dès la naissance du port de La Pallice, en 1891, sont commandées quatre premières grues, des grues à vapeur d’une capacité de 1 500 kg. Les trois premières installées tombent si souvent en panne que la quatrième ne sera jamais réceptionnée. Cent vingt ans plus tard, à la faveur de la réforme portuaire, les grues ont été transférées du port aux entreprises qui y ont leur activité. Et au cours de ces 120 années, ce sont quelques dizaines de grues qui ont posé leurs pieds sur les quais charentais. Le Port atlantique raconte leur histoire à travers les 32 panneaux d’une exposition et un livre mêlant textes et photos.
Grues Caillard, Lyonnet, Reggiane, Clyde, Orton et Italgru, ou encore celles aux noms qui font sourire les enfants, Kangourou et Titan, toutes celles décrites dans l’exposition et le livre sont passées par La Pallice au cours de son histoire. Des grues françaises pour la plupart, et aussi anglaises, américaines, italiennes et allemandes au moment des deux guerres mondiales. Travailleuses infatigables, elles fonctionnent à la vapeur ou à l’électricité. Elles vont grandir au fil du xxe siècle et devenir de plus en plus puissantes, allant de 1 500 kg de charge pour les premières à plusieurs dizaines de tonnes pour celles actuellement en activité, voire 300 t pour l’élévateur à bateau. Les deux portiques du quai Lombard ont à eux seuls chargé plus de 50 Mt de céréales en une cinquantaine d’années…
Les textes qui accompagnent l’exposition et le livre indiquent les caractéristiques de ces outils et, à travers eux et les photos qui les accompagnent, retracent l’histoire même du port. Ainsi, l’arrivée des quatre premières grues électriques, en 1914, va contribuer à l’extraordinaire développement de La Pallice « à la faveur » de la Première Guerre mondiale. Le trafic du port passe en effet de 95 000 t en 1914 à… 1 460 000 t l’année suivante! 2 000 prisonniers de guerre sont employés au déchargement des navires. Et quand la guerre se termine, le manque de main-d’œuvre amène le port à recruter 450 travailleurs chinois.
En revanche, lors de la Seconde Guerre mondiale, les Allemands transfèrent quatre grues sur l’île de Ré et en détruisent onze autres. Et celles encore debout sont endommagées lors des bombardements. Le livre évoque encore les escales transatlantiques, les aménagements portuaires, les tempêtes: celle de 1993 qui, par un effet domino, jeta deux grues à la mer; et celle de 1999 qui a couché une autre grue sur le quai des grumes.
L’exposition et le livre sont l’œuvre de deux employés du port, Christophe Bertaud et Thierry Rambaud, qui ont réalisé un travail remarquable tant sur le plan historique que graphique. Les panneaux sont exposés jusqu’à l’automne sur le boulevard Delmas, avec le port lui-même comme toile de fond. Ils passeront ensuite au Conseil général.