Après avoir voyagé dans les cités des cinq continents, le congrès international des assureurs maritimes, Iumi, a fait escale à Paris du 19 au 21 septembre, 13 ans après sa précédente version.
Cette 67e conférence des assureurs maritimes s’est ouverte sur la présentation des chiffres de l’assurance maritime mondiale. Dans sa présentation d’introduction, la présidente du comité en charge des chiffres, Patricia Kern, a mis l’accent sur le lien entre l’économie mondiale et la situation du marché de l’assurance. Les événements politiques et économiques de ces derniers mois placent le monde dans une période d’incertitude. « La sortie de la crise de l’euro, la baisse de la demande et le risque de surchauffe au Moyen-Orient sont des facteurs à prendre en compte pour les prochaines semaines », a rappelé Patricia Kern. Alors que l’économie mondiale souffre, le marché du transport maritime en ressent les effets. L’arrivée en flotte de nombreux navires et le peu de démolitions ont mené à la surcapacité. Et pour résumer la situation, Patricia Kern souligne que la croissance a passé son tour et la situation s’empire. « Nous pourrions voire des crises économiques pires dans les prochains mois. » Dans ce contexte difficile, le montant annuel mondial des primes continue malgré tout a progresser. Avec 25,3 Md$, l’assurance maritime a enregistré une progression de son volume. Une hausse qui tient surtout à l’entrée dans ces statistiques des données en provenance de la Chine. À périmètre constant, les primes encaissées progressent de 1,9 %. Avec l’entrée de la Chine, la hausse atteint 2,6 %. La répartition de ce volume se fait entre les facultés (50,7 %), les corps (29,3 %), l’offshore (13,2 %) et la responsabilité civile (6,2 %). Les différents secteurs de l’assurance affichent des hausses en primes à l’exception de la responsabilité civile dont le volume a enregistré une baisse de 0,7 %. Quant à la répartition géographique de ces primes, elles sont principalement souscrites en Europe. L’arrivée de la Chine dans ces chiffres place l’Asie comme le second marché de l’assurance maritime avec 29,9 % des primes.
L’Asie en seconde place
L’analyse des chiffres, avec la hausse relative des données, ne doit pas faire place à de la naïveté. La situation des assureurs demeure fragile, a rappelé Astrid Seltmann, analyste auprès de Cefor, l’association des assureurs des pays nordiques. « La flotte mondiale continue de croître mais les primes d’assurance ne suivent pas la tendance aussi vite que nous l’espérions. De plus, la valeur assurée n’augmente pas proportionnellement à la taille des navires. » Une équation qui tend à placer les assurances corps de navires dans une situation économique difficile. « Les assureurs ne réalisent aucun résultat technique sur ce secteur pour la quinzième année successive. »
Le marché des facultés est dans une position plus favorable. Après avoir enregistré une hausse de ses résultats techniques sur les années de forte croissance du commerce international, de 2007 à 2009, ce n’est que sur la fin de 2010 que la descente s’est fait ressentir. « À la fin de l’année, le marché des facultés frôle les niveaux de profitabilité », explique Astrid Seltmann, en raison notamment de l’augmentation de la valeur des sinistres. L’impact des catastrophes naturelles sur ce secteur, avec les différents tremblements de terre, les inondations et les ouragans, cumulés à un environnement économique incertain, la situation semble plutôt morose.
Enfin, le marché de l’assurance offshore entre dans un nouvel environnement. Longtemps dépendante des catastrophes naturelles, la corrélation entre les incidents naturels et le marché se défait. « Nous constatons de plus en plus de pertes pour une installation quand précédemment nous avions des sinistres aux conséquences plus importantes. En 2009 et 2010, les ouragans ont été peu nombreux mais les incidents particuliers ont augmenté », constate l’analyste de Cefor.