Nous vous présentons un Journal de la Marine Marchande intégralement caréné. Nous avons repeint toute la coque. Avec ce numéro, nous commençons une nouvelle ère, celle d’une édition entièrement en couleur. Une nouveauté après plus de 92 ans d’existence en noir et blanc, voire, pour certaines pages, plutôt jaunies par le temps. Nous sommes des impatients et nous n’avons pas pu attendre notre centenaire. Une édition haute en couleurs tout en conservant à l’esprit notre mission essentielle: vous donner une information claire et objective.
Nous aurions voulu cette nouvelle édition aux couleurs de la fête. Malheureusement, l’époque est plutôt noire. La crise grecque secoue les marchés financiers. Son onde de choc pourrait se faire ressentir jusqu’en France sans la solidarité européenne. Une crise qui se traduit par une nouvelle gouvernance, celle des agences de notation. Gouvernements et armateurs voient leur note rétrograder et leurs créanciers verdir de ne pas pouvoir être payés. Ces agences se défendent de leur position de régulateur. Elles prétendent retranscrire la situation financière des sociétés et des gouvernements. Alors après la Grèce, les États-Unis, le Portugal, l’Espagne, c’est au tour des armateurs de subir la loi de ces agences sous prétexte que leurs comptes plongent dans le rouge.
Pour tenter d’inverser la tendance, les États ont enfourché leur cheval blanc pour apporter leur aide. En Europe, la France et l’Allemagne veulent trouver une solution avec tous les États membres pour écrire d’une seule et même encre le remède à la crise grecque. Il faut remettre le navire au pavillon bleu et blanc dans le chenal de navigation et lui faire respecter les bouées rouges et vertes. Difficile exercice que celui de l’orthodoxie budgétaire quand, dans le même temps, la croissance broie du noir et les importations chinoises ralentissent à l’approche du feu orange imposé par le gouvernement de Pékin. La Chine veut une croissance plus raisonnée. L’avenir du maritime se dessine donc sous des cieux encombrés par les nuages gris d’une surcapacité de la flotte.
Pour reprendre une image, la situation est celle qu’ont connue les New-Yorkais lors des attentats du 11 septembre 2001. Au cours de la commémoration de cet événement, les télévisions ont passé en boucle ces images du nuage de poussière après l’effondrement des tours. Le transport maritime vit une situation analogue avec une succession de nuages qui fondent sur le secteur sans voir le retour d’un horizon meilleur.
Dans ce kaléidoscope parfois terne, nous voulons miser sur l’avenir. Nous sommes persuadés que le cycle s’inversera dans les prochains mois. Hissez les couleurs et en avant toute!