Les importations italiennes mises à mal par le Printemps arabe

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« Dix-neuf pour cent du trafic maritime mondial de marchandises transitent par la Méditerranée et ses quelque 80 principaux ports. Près de 2 000 navires prennent la mer chaque jour, ils transportent environ 1,4 Mdt de marchandises chaque année. Les troubles qui touchent des pays comme l’Égypte, la Tunisie, la Libye ou encore la Syrie ne peuvent donc qu’impacter le trafic maritime, en particulier le transport des ressources énergétiques, pétrole et gaz », constate le porte-parole de Confitarma (Confédération des armateurs italiens).

Déjà dans une situation économique difficile avec un taux de croissance qui devrait être inférieure à 1 % sur l’année 2011, l’Italie, très dépendante des importations de pétrole et de gaz, subit plus que d’autres pays occidentaux le contrecoup de ces bouleversements géopolitiques.

Aux sanctions déjà décidées contre l’Iran se sont ajoutées celles qui concernent deux partenaires économiques importants pour la Péninsule, la Libye et la Syrie. « En matière d’importations, gaz et pétrole sont principalement concernés », confirme Gian-Enzo Duci, vice-président de Assagenti qui, à Gênes, fédère les professionnels du shipping, agents maritimes et courtiers.

L’Italien ENI a été jusqu’ici le premier groupe pétrolier en Libye, 38 % des importations italiennes de pétrole et 10 % du gaz provenant de Libye. L’Union européenne a, en outre, décidé de suspendre les importations de pétrole en provenance de la Syrie pour sanctionner la gestion de la crise par le président Bachar el-Assad. « Un tiers des exportations du pétrole syrien arrive en Italie, c’est pourquoi notre gouvernement a demandé un délai de deux mois avant l’entrée en vigueur de l’embargo », précise le vice-président d’Assagenti.

Pour les contrats signés avant que ne soient prises ces mesures, courtiers et armateurs ne peuvent qu’invoquer, pour justifier la non-exécution du contrat, la force majeure. Aux tribunaux d’apprécier la situation en cas de désaccord. Les navires battant pavillons européens n’ont pas le choix, ils doivent respecter l’embargo. Confitarma veille cependant, en coordination avec le ministère des Affaires étrangères, à ce que ces sanctions n’introduisent pas de discriminations entre les différents opérateurs européens ou entre ces derniers et des armateurs de pays autres que ceux de l’Union européenne.

MISER SUR LA REPRISE DES ÉCHANGES

Armateurs et courtiers italiens sont sur la même longueur d’onde, la normalisation des relations avec La Libye avec la chute de Kadhafi pourrait permettre de compenser le manque à gagner suite aux sanctions décidées à l’égard de la Syrie. « Les importations de pétrole libyen devraient reprendre, mais nous espérons aussi pouvoir affréter des navires pour assurer la livraison des biens d’équipements nécessaires à la reconstruction du pays », estime Gian-Enzo Duci. Reste une inconnue de taille: quel sera le poids de l’Italie dans les futures relations économiques avec la Libye car la France, la Grande-Bretagne et les États-Unis sont sur les rangs et la concurrence sera vive.

Pourtant, dans ce contexte incertain, Gian-Enzo Duci préfère voir le verre à moitié plein. « Le Printemps arabe ouvre de nouvelles perspectives pour les ports des rives nord de la Méditerranée. Égypte, Tunisie, Libye vont avoir d’importants besoins pour assurer le développement économique de leurs pays. L’arrivée de la démocratie est un signe positif et fournit une base solide à une coopération future plus étroite avec les pays occidentaux ».

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