En visite au port de Rotterdam le 8 septembre, Siim Kallas, vice-président de la Commission européenne chargé des Transports, a annoncé son intention de « présenter en 2013 des mesures comprenant un soutien à la réduction des formalités administratives dans les ports, des propositions visant à améliorer la transparence du financement des ports ainsi que des propositions de mesures concernant les services portuaires ». Pour Siim Kallas, les ports de l’Union européenne (UE) « ont un potentiel phénoménal de croissance dans les années à venir », mais il faut « éliminer les goulets d’étranglement qui freinent leur développement et mettre maintenant en œuvre une politique plus cohérente en matière d’infrastructures portuaires et maritimes ». Plus généralement, selon un communiqué de la Commission européenne, « étant donné que la situation économique a fortement changée, il y a lieu également de réexaminer la stratégie qui consiste à privilégier les mesures non contraignantes (soft law) ». Concernant les mesures sur services portuaires, le commissaire européen a expliqué qu’il« est crucial de veiller à ce qu’il y ait un environnement concurrentiel et ouvert afin que les ports maritimes puissent s’adapter aux nouvelles exigences économiques, industrielles et sociales ». À propos des formalités administratives dans les ports, Siim Kallas a mis en avant le projet pilote « Ceinture bleue » (Blue belt) « qui étudie de nouveaux moyens pour faciliter le transport maritime à courte distance ». Quant à la transparence du financement des ports, Siim Kallas entend l’améliorer « pour éviter les distorsions de concurrence et voir exactement où vont les deniers publics. Les investissements privés, qui sont vitaux pour la croissance du secteur portuaire, seront encouragés ».
LES VIEUX DÉMONS SONT DE RETOUR
Cette annonce du vice-président de la Commission européenne chargé des Transports a déclenché une large incompréhension chez les professionnels du secteur. Ces derniers, avec deux paquets maritimes et le dialogue qui a mené à la politique définie en 2007, restent sur la conviction que les questions sont largement réglées. Frédéric Moncany de Saint-Aignan, président de la Fédération française des pilotes maritimes, rappelle à ce propos: « Deux fois déjà, la Commission européenne a eu la volonté de libéraliser les services portuaires. Et deux fois, le Parlement européen n’a pas suivi. De nouveau, aujourd’hui, la Commission ressort ses vieux démons pour dynamiser les ports, les rendre plus compétitifs. » Alors que la situation du marché est déjà largement concurrentielle pour les professionnels du secteur. Du côté de la Feport, le secrétaire général Diego Teurelincx s’est déclaré « surpris » de cette nouvelle initiative. « Pour la Feport, le dialogue qui a mené à la politique définie en 2007 était conclusif et a permis d’établir une politique portuaire finale. Aujourd’hui, nous n’avons pas encore de précisions sur le ou les motifs soutenant cette nouvelle proposition de la Commission européenne ». Pour la Feport, « le moment semble également très mal choisi d’un point de vue économique pour avancer sur de tels sujets », a remarqué Diego Teurelincx. La conférence sur l’avenir des ports européens prévue en 2012 par Siim Kallas sera peut-être l’occasion pour les différentes parties en présence de rapprocher leur point de vue; sachant que la Commission européenne prévoit de présenter ses propositions pour le secteur portuaire en 2013« après une consultation des parties prenantes et une analyse d’impact approfondie »