Il y a 74 ans… dans le Journal de la Marine Marchande

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En 1937, plusieurs articles du Journal de la Marine Marchande reviennent sur la notion de légalité dans le monde du travail portuaire et maritime. Le plus souvent écrit sous la plume de René Moreux, fondateur du journal, la légalité est devenue un « concept » peu appliqué. « Ce sont les gouvernements débiles qui se sont succédés depuis tant d’années, qui ont créé chez nous ce mortel climat d’anarchie », s’indigne René Moreux. Cet article publié en novembre 1937 fait suite à une chronique publiée par Charles Laurent, secrétaire général de la Fédération des fonctionnaires qui appelle à la grève, laquelle, à l’époque, est en opposition totale avec la légalité, les fonctionnaires n’ayant pas ce droit. Plus tôt dans l’année, le 7 octobre, René Moreux a déjà exprimé son point de vue sur l’état social de la France et ses conséquences sur l’activité portuaire et maritime nationale. Sous le titre de « l’universelle anarchie », il revient sur l’incident à l’embarquement du Médie-2 du 28 septembre. Navire destiné à charger des sacs de soufre pour les Canaries, les dockers de Marseille ont refusé de procéder au chargement en arguant que cette marchandise doit partir pour alimenter les usines de munitions du général Franco, en pleine guerre civile. Un mouvement qui a aussitôt été suivi d’autres menaces de marins de navires accostés à Marseille qui « refusent de voir revenir sous forme d’obus et de bombes des marchandises qu’on leur fait transporter », indique un article de L’Humanité repris par René Moreux. Et pour expliquer ce conflit social et politique, René Moreux oppose les thèses des radicaux socialistes et des communistes. Les premiers ne reconnaissent qu’à l’État le droit de juger de la non-intervention de la France dans le conflit espagnol. Les seconds reconnaissent « le gouvernement des masses ». Et René Moreux continue en expliquant la thèse de L’Humanité selon laquelle c’est « au dernier des dockers d’assumer la tâche de surveiller la non-intervention en Espagne ». Et il continue son plaidoyer en rappelant que « chez nous, depuis que le gouvernement de Léon Blum a systématiquement renié la tradition de l’autorité légale pour se rallier dangereusement à la théorie communiste du gouvernement des masses, une partie du prolétariat veut pratiquer les méthodes que les régiments russes prétendaient instituer sur le front en 1917 ». René Moreux appelle à la réaction: « Il est temps de réagir, car l’anarchie devient universelle. » Bien plus, « le prolétariat fait de l’anarchie comme M. Jourdain faisait jadis de la prose sans le savoir ». Il souhaite la restauration du principe d’autorité: « Que quelqu’un commande! » L’histoire montrera que l’autorité sera rétablie mais pas sans laisser de traces.

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