La préfecture maritime de l’Atlantique enclenche la procédure habituelle: mise en demeure de l’armateur de faire cesser le danger; l’Abeille-Bourbon appareille pour la zone, etc. En cours de remorquage par le Courbet, la partie avant coule vers 19 h. La partie arrière de l’ex-Vestland (90 m × 10 m, vendu et donc sorti de l’immatriculation néerlandaise) finit par couler à son tour vers 20 h 10 par 2 000 m de fond avec 7 m3 de gasoil. Le remorqueur remonte vers Rotterdam avec les trois personnes qui « armaient » la péniche. L’Atlantic-Trader (109 × 12 m) poursuit sa route par ses propres moyens de péniche fluviale pétrolière avec trois hommes à bord, explique-t-on à la Prémar. Fin « d’exercice » pour l’État côtier car tout cela se passe en dehors des eaux territoriales.
Ni vu ni connu à Rotterdam?
Sauf que certains détails sont « troublants » et devraient attirer l’attention de l’Agence européenne de sécurité maritime. Le convoi sortait de Rotterdam en direction de Lagos, donc passage obligé par le golfe de Gascogne, zone rarement paisible. Le Courbet est bien connu à Brest où il a été exploité de nombreuses années. « Il n’a rien d’un remorqueur de haute mer », commente-t-on à la Prémar. Cela n’aurait pas dû échapper à l’État du port de départ.
L’Atlantic-Trader n’a aucun moyen de communication maritime et sa coque a été conçue pour une navigation, répétons-le, fluviale. On espère à la Prémar que les Espagnols vont pouvoir l’intercepter avant le grand saut, s’il arrive jusque-là.
Un officier de la Marine nationale avance une hypothèse: le contrat de remorquage devait s’arrêter une fois le transit de la Manche réalisé. En effet, la navigation en mer étant interdite à ces péniches, il leur fallait une « couverture ». Après, en zone non surveillée, ni vu ni connu on largue les remorques, et que Dieu vous vienne en aide. Le Courbet remontant sur Rotterdam, les inspecteurs de l’Agence européenne de la sécurité maritime ont le temps de s’y rendre pour « soutenir » leurs homologues néerlandais dans l’entretien qu’ils ne manqueront pas d’avoir avec l’équipage. Il n’est pas certain que les opinions publiques européennes acceptent encore longtemps l’absence de toute enquête de la part des États côtiers pour la simple raison que l’événement de mer s’est produit dans les eaux internationales.
Le Gate Terminal est en service
Le nouveau terminal méthanier du port de Rotterdam a réceptionné sa première cargaison commerciale de gaz naturel liquéfié (GNL) le 1er septembre. Cette livraison a été effectuée par le Bu-Samra, un Q Max de 266 000 m3. Ce navire appartient à la Qatar Gas Transport Company Ltd (Nakilat) et fait régulièrement le trajet entre l’émirat et l’Europe. « Cette arrivée du Bu-Samra constitue une étape importante pour le Gate Terminal, précise un communiqué. La phase de test des installations menée depuis juin a été concluante. Le terminal est désormais en service et complètement opérationnel. » Le Gate Terminal implanté sur la Maasvlakte 2 du port de Rotterdam est le premier terminal méthanier mis en service aux Pays-Bas. Les qualités nautiques du premier port européen mais aussi la présence à moins de deux kilomètres du site d’une canalisation gazière terrestre expliquent le choix de Rotterdam. Deux entreprises néerlandaises, Vopak et Gasunie, sont associées pour la réalisation et la gestion du terminal. Le design de ce dernier comprend trois réservoirs, deux appontements. Sa capacité s’élève à 12 Mdm3, répartie entre quatre clients: le Danois Dong Energy, le Néerlandais Essent, l’Autrichien EconGas-OMV et l’Allemand E.ON Ruhrgas. Une extension de la capacité à 16 Mdm3 est d’ores et déjà envisagée, ce qui implique la construction d’un quatrième réservoir. Avec cette nouvelle infrastructure, Rotterdam renforce sa place dans le secteur de l’énergie alors qu’il appartient déjà au trio de tête des ports énergétiques mondiaux.
Clotilde Martin