Il y a 36 ans… dans le Journal de la Marine Marchande

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Au cours de l’année 1975, la réouverture du canal de Suez remplit les colonnes de plusieurs numéros du Journal de la marine marchande (JMM). Le passage par le canal de Suez, 190 km entre les mers Méditerranée et Rouge, a été bloqué à partir de juin 1967 à la suite d’un conflit entre l’Égypte et Israël. Si ce conflit porte le nom de “guerre des six jours”, le canal de Suez, qui évite aux navires le contournement de l’Afrique par le cap de Bonne Espérance, a été fermé à la navigation pendant huit ans.

La réouverture du canal de Suez est programmée pour le 5 juin par les autorités égyptiennes.

Les avis des experts sur la portée de cet événement sont nombreux. Pour eux, parmi les bénéficiaires de la réouverture figurent les États du Moyen-Orient « auxquels la multiplication des revenus du pétrole a donné une importance économique nouvelle et des besoins gigantesques. » Autres bénéficiaires: les pays et les ports riverains de la Méditerranée, cette mer « cessant d’être un cul-de-sac pour redevenir une des grandes artères du commerce international. » Enfin, les armateurs pétroliers n’ont rien à craindre de la remise en service du canal « car les frets sont déjà au plus bas et ne peuvent s’effondrer davantage. »

De leur côté, les assureurs britanniques annoncent, dans un premier temps, des primes d’assurance très élevées pour les navires empruntant le canal car « étant donné les milliers d’engins explosifs tombés dans la voie d’eau et l’absence d’un accord de paix entre Israël et l’Égypte, il y a un risque constant de catastrophe. » Puis, ils changent d’avis et réduisent les surprimes de risque de guerre de 50 % sur les marchandises (soit de 25 p par 100 £ à 12,5 p/100 £). En ce qui concerne le péage établi par l’Égypte pour emprunter le canal, Philippe Poirier d’Orsay, délégué général du Comité central des armateurs de France indique: « Le niveau est un peu élevé, au-dessus de ce qu’il aurait fallu pour que l’impact de la réouverture soit plus important et plus particulièrement pour les porte-conteneurs et les rouliers. » En même temps que la réouverture du canal de Suez, l’Égypte a annoncé son élargissement et son approfondissement. C’est ce point, selon le JMM, « qui ouvre les perspectives les plus intéressantes et peut permettre à cette voie d’eau de retrouver son rôle d’autrefois, celui de grande artère d’acheminement du pétrole au Moyen-Orient. » Trois ans de travaux sont prévus pour permettre le passage des navires chargés de 150 000 t d’or noir et trois autres à venir pour atteindre 260 000 t. Le chantier démarre en octobre 1975. À cette occasion, Machour Ahmed Machour, président de l’Autorité du canal de Suez, déclare: « 2 750 navires ont transité depuis le 5 juin. Le trafic grandit incessamment et devrait passer de 30 à 50 navires par jour dans les six mois à venir. »

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