Le comité de pilotage du projet de reprise de SeaFrance par une société coopérative ouvrière de production (scop), initiée par la CFDT, et en voie de constitution a posté son offre ce dernier 24 août. Le comité doit convaincre au moins la moitié des salariés de SeaFrance de risquer un mois de salaire dans cette entreprise. Les salariés, dans une scop, détiennent au moins 51 % des parts et 65 % des droits de vote. Le comité doit aussi introduire une offre crédible auprès du Tribunal de commerce de Paris, en charge du dossier de redressement judiciaire de SeaFrance. Pour cela, la scop aura besoin d’apports supplémentaires de capitaux permanents. Selon le projet présenté par les syndicalistes mandataires du comité de pilotage, Didier Cappelle et Bruno Landy, la compagnie aura besoin de 50 M€ de fonds de roulement pour faire face aux pertes des deux premières années, si le marché se maintient dans la situation actuelle, et de 80 M€ si une nouvelle crise se présente. Le comité doit donc aussi convaincre d’autres partenaires, collectivités territoriales, Caisse des Dépôts, d’aider à la reprise de la compagnie, sous forme par exemple de lease-back sur les trois navires entièrement payés de la flotte. De plus il faut prévoir un nouvel investissement de 4,3 M€ par navire en 2014, pour satisfaire aux nouvelles normes antipollution.
« Notre offre, ce n’est pas du vent. Il s’agit de sauver 1 000 emplois », plaide Éric Vercoutre, secrétaire CFDT du CE. La scop reprendrait en effet l’ensemble des 890 salariés aujourd’hui en place (quelques cadres de direction exceptés), et les 200 CDD quasi permanents employés par SeaFrance, dans leurs conditions actuelles d’emploi. Pour l’euro symbolique, elle reprendrait les quatre navires de la flotte, y compris le Molière, encore en crédit-bail, et non l’endettement. Les syndicalistes pensent qu’en restaurant la “qualité de service”, les fréquences, le service à bord, le chiffre d’affaires peut augmenter de 20 M€ dès l’an prochain, partant d’un point très bas de 146 M€ cette année. De la pertinence de ce modèle dépend la crédibilité de l’offre.
Début d’année difficile pour les ferries en Grèce
Avec la crise économique qui a secoué la Grèce au premier semestre, les opérateurs de ferries ont enregistré des résultats financiers mitigés sur la période. Les deux principaux opérateurs, Anek Lines et le Groupe Attica ont vu le trafic diminuer tant avec les îles qu’avec l’Italie. Une baisse qui vise l’ensemble des clients des ferries, qu’il s’agisse de piétons, de fret ou de voitures particulières. Le groupe Attica a perdu 11,4 % de son chiffre d’affaires à 111,4 M€. Anek Lines a, pour sa part, enregistré une diminution de 1,6 % à 100,9 M€. L’Ebitda des deux armateurs s’affiche dans le rouge. Pour le groupe Attica la situation est plus critique avec des pertes opérationnelles en augmentation de 127 %. Anek Lines est dans une situation de redressement avec des pertes de 3,3 M€. Pour faire face aux baisses de trafic, les deux armateurs ont créé, en mai, une joint venture, pour l’utilisation de navires en commun sur la route Patras Ingoumenista. Une mesure qui devrait permettre de réduire les pertes sur les routes internationales.
H.D.