Monde: la consommation dépasse la production
À de multiples reprises, la consommation mondiale de blé a dépassé la production. Mais, en 2008 et 2009, c’est la production qui a gagné, permettant ainsi une amélioration des stocks mondiaux. En 2010, avec une production inférieure aux besoins de consommation, ils sont à nouveau légèrement en baisse. D’après les chiffres du Conseil international des céréales (CIC), la production de blé s’est élevée dans le monde à 650 Mt en 2010 (− 4 %) pour une consommation de 660 Mt. Des cinq grands exportateurs traditionnels (Canada, États-Unis, Argentine, Union Européenne et Australie), seuls deux, l’Argentine et l’Australie, affichent en 2010 une récolte de blé en hausse, tandis que les États-Unis engrangent une récolte quasiment identique à celle de 2009 (60 Mt). Mais l’événement de l’année vient de l’Est: une sécheresse jamais vue en Russie fait chuter considérablement la récolte: le volume de blé perd un tiers avec 41,5 Mt (contre 61,7 Mt). Ses deux voisins producteurs, l’Ukraine et le Kazakhstan, ne sont pas épargnés. Dans ces conditions, le gouvernement russe décide d’imposer un embargo sur les exportations, une mesure qui ne sera levée que le 1er juillet dernier. En Ukraine, les volumes sont considérablement réduits. Ces situations vont conduire à une hausse des prix. Sur le plan des marchés, l’Union européenne et les États-Unis vont bénéficier de la situation, tandis que l’Argentine développe ses expéditions vers le Brésil voisin et que l’Australie sert notamment les marchés asiatiques.
En ce qui concerne l’orge, son volume de production perd 17 % à l’occasion de la récolte 2010 (124 Mt), baisse que l’on retrouve en Russie, en Ukraine, dans l’UE et au Canada. Production en baisse, échanges en baisse… mais prix en hausse, conséquence de la quasi-absence de l’Ukraine, l’un des deux premiers producteurs mondiaux.
Union Européenne: l’Allemagne en retrait
La production 2010 de blé a été marquée d’un retrait de 2 % dans l’Union européenne (136 Mt). Le blé tendre est à l’origine de cette baisse, alors que le blé dur a marqué une hausse. Si la récolte française est quasi identique en 2010 par rapport à 2009, la production allemande a connu une diminution de 25,1 Mt à 23,9 Mt (chiffres CIC). De plus, une partie des blés récoltés en Allemagne a rencontré des problèmes de qualité, en raison de la pluie. Côté maïs, la récolte 2010 a été stable par rapport à 2009 tandis que la production d’orge a été en baisse (53,3 contre 61,8 Mt), conséquence de la réduction des surfaces.
France: record d’exportation de blé
Malgré une production en légère baisse (35,7 Mt de blé en 2010 contre 36,5 Mt en 2009), la France a enregistré une campagne d’exportation exceptionnelle. FranceAgriMer souligne: « La campagne commerciale 2010/2011 s’achève pour la France sur un record d’exportations de blés principalement destinés à l’alimentation humaine (blé tendre de qualité meunière et blé dur destiné à la fabrication de pâtes et de semoule). Des blés largement plébiscités par les importateurs mondiaux en l’absence de la Russie et de l’Ukraine sur la scène internationale et des problèmes de qualité rencontrés par d’autres pays, notamment l’Allemagne. »
L’utilisation des céréales par les fabricants d’aliments du bétail est restée stable globalement (autour de 10,6 Mt), mais leur ventilation a changé, compte tenu des prix. C’est ainsi que ce secteur aurait consommé 4,4 Mt de blé (− 21 %), 3,5 Mt de maïs (± 28 %) et près de 2 Mt d’orge (± 16 %). Côté exportations de blé, le volume total expédié pendant la campagne devrait se situer à 19,8 Mt, dont 6,5 Mt sur l’Union européenne (− 11,9 %), tandis que les pays tiers auraient été destinataires de 13,2 Mt, soit 3,4 Mt de plus qu’en 2009/2010 (± 34,6 %). FranceAgri-Mer précise que ce dernier chiffre constitue un record historique. Sur les pays tiers, pour les dix premiers mois de campagne (du 1er juillet 2010 au 30 avril 2011), cinq pays ont dépassé la barre des 400 000 t de blé tendre expédié, l’Algérie (3,16 Mt), l’Égypte (2,4 Mt), le Maroc (2,1 Mt), le Yémen (0,5 Mt) et enfin Cuba (0,4 Mt). Côté orge, les sorties seraient relativement stables sur l’Union européenne (4,4 Mt, soit 1,9 % de diminution), tandis que les expéditions vers les pays tiers ont enregistré une progression à 1,3 Mt (contre 0,7 Mt en 2009/2010).