Quatre solutions se présentent au tribunal. La première, la plus simple et la plus brutale est la liquidation pure et simple. Eurotunnel n’aurait plus devant lui que P&O Ferries et DFDS Seaways sur le détroit… et des espaces à prendre sur la route courte Calais-Douvres. Une seconde est proposée par le groupe d’investissement dans le loisir Being Bang. Son dirigeant, Laurent Barselo, proposerait une reprise de la flotte et de l’effectif au niveau actuel, mais nous ne disposons pas aujourd’hui d’autres précisions.
La troisième solution (notre dernière édition) est présentée par un groupement DFDS/LD Armateurs, dans lequel le Danois serait majoritaire. Cette coentreprise, confirme Christophe Santoni, directeur général de LD Lines, reprendrait approximativement 460 salariés (890 environ aujourd’hui aux rôles de SeaFrance), dont 360 navigants environ, et 100 sédentaires. Elle offrirait éventuellement une possibilité de reclassement à 80 sortants, pour embarquer à bord du Norman-Voyager, prochainement reclassé sous pavillon français. « À noter, signale Christophe Santoni, que ce transfert sous pavillon français n’est pas lié à notre offre. Il illustre en revanche de manière concrète les premières synergies que pourrait générer la création d’une structure unique regroupant la ligne Calais-Douvres de SeaFrance, la ligne Douvres-Dunkerque de DFDS et les lignes de LD Lines. »
Une organisation non profitable, qui peut le rester encore longtemps
La coentreprise acquerrait fonds de commerce, stocks et flotte pour 3 €. « Les créances ne sont pas concernées par cette opération », précise Christophe Santoni. La bonne affaire, alors? « Il me semble juste de rappeler, répond-il, que Seafrance génère des pertes très importantes depuis plusieurs années. Le “repreneur” reprend donc une organisation non profitable et qui le restera peut-être encore pour une longue période, car le retour a une situation profitable n’interviendra qu’une fois pleinement opérationnelles les synergies et les économies d’échelle contenues dans notre projet industriel (ce qui peut prendre un certain temps). Ceci justifie le niveau de notre offre et je me permets de vous signaler qu’à notre connaissance, aucune offre supérieure n’a été déposée, ce qui doit bien vouloir dire quelque chose. »
La coentreprise ne garderait que trois navires de SeaFrance, les deux car-ferries Rodin et Berlioz, mais, exit le Molière, garderait le fréteur Nord-Pas-de-Calais. Cette flotte serait partagée avec les trois car-ferries de DFDS sur le détroit au départ de Dunkerque et Calais. LD Armateurs souhaite confier ses autres lignes roulières françaises à la coentreprise.
La quatrième proposition devait être déposée au tribunal le 9 août par la CFDT. Il s’agit d’un projet de société coopérative, qui reprendrait l’intégralité du personnel restant aux conditions d’emploi actuelles.
Consolider face à la crise
La proposition conjointe de LDA et DFDS est bien une dernière offre avant liquidation. Elle intervient en plein bruit de menace de retour de récession, sur fond d’émeutes en Grande-Bretagne, à un an des jeux Olympiques. Face à ces menaces, Christophe Santoni confirme que « le projet industriel consiste à intégrer les trois entités/lignes (DFDS Seaways, LD Lines, Transmanche Ferries, n.d.l.r.) en une seule compagnie. Le management, l’armement et la commercialisation seront donc intégrés afin de générer un leader français capable de résister à la crise et de garantir sa pérennité sur le long terme. Le nom de la structure issue de la fusion n’est pas encore décidé, mais le nom de SeaFrance fait définitivement partie des candidats ». Pour le D.G. de LD Lines, « la crise très grave que nous traversons, et qui n’est certainement pas terminée, impose une consolidation du marché. Cette consolidation doit donner naissance à des leaders disposant de la taille critique nécessaire pour générer les économies d’échelle et les synergies indispensables. DFDS et LDA partagent cette même vision. Nous pensons que le regroupement des activités concernées constitue la meilleure réponse à ce défi, tant du point de vue industriel que du point de vue social. Avec sept millions de passagers et plus d’un million de passagers transportés chaque année, cette structure s’imposera comme un leader sur son marché. Ce leader disposera du meilleur réseau entre la France et la Grande-Bretagne, avec des lignes au départ du Havre, de Dieppe, de Calais et de Dunkerque ».