Les ports annoncent un prochain « grand soir » Les chargeurs dénoncent les monopoles

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Le 22 juillet, l’Union des ports de France disait « partager très largement le constat » du groupe de travail sur le fait que la réforme portuaire de 2008 « ne peut pas à elle seule enrayer la perte des parts de marché des ports français » (JMM du 15 juillet, p. 5). Sur la forme, « elle s’étonne de ne pas avoir été invitée à s’exprimer devant ce groupe ». Sur le fond, l’UPF est « réservée sur le fait de tirer dès maintenant des conclusions par rapport à une réforme, qui vient tout juste de s’achever au mois de mai ». Il reste encore beaucoup à faire pour appliquer la réforme sur le terrain d’ici la fin de l’année.

« L’idée de modifier une fois encore la gouvernance des grands ports maritimes (GPM) afin d’augmenter la part des collectivités territoriales, n’améliorera pas leurs capacités à reconquérir les parts de marché perdues au fil des ans, surtout lorsque leur hinterland dépasse les limites de compétence géographiques de ces collectivités. »

L’UPF rappelle que la réforme portuaire doit s’apprécier dans ses trois composantes:

– la décentralisation des ports anciennement d’intérêt national réalisée en 2007, a confié aux collectivités territoriales des responsabilités nouvelles qu’elles exercent avec « efficacité », et qui permettent à ces ports de répondre à des stratégies territoriales adaptées;

– la réforme portuaire de 2008 qui vient de s’achever et dont il est « trop tôt pour juger sans recul de l’efficacité », a concerné, à la fois les GPM et les ports décentralisés, par la mise en œuvre le 3 mai de la convention collective nationale unifiée;

– l’accompagnement de la réforme portuaire par des investissements conséquents de l’État et des collectivités territoriales, notamment au niveau des dessertes terrestres massifiées, connaît un commencement de réalisation « très encourageant », conforme aux plans stratégiques des GPM.

Dès la fin des négociations sur la réforme portuaire, l’UPF a engagé deux réflexions propres:

– un travail des présidents des conseils de surveillance des GPM qui formulera, à la fin de l’été, des propositions d’une « réelle stratégie de reconquête de leurs parts de marché et de valorisation de leurs atouts territoriaux »;

– une réflexion menée au sein du Conseil supérieur de la marine marchande (CSMM) pour formuler des propositions « concrètes » post-réforme avant l’automne.

Au total, l’UPF pense qu’il serait « judicieux », sous le patronage du ministère, de « combiner les efforts du groupe de travail sénatorial sur la réforme portuaire, ceux des présidents de conseil de surveillance de l’UPF et ceux du CSMM en y associant, entre autres, les représentants des chargeurs, pour élaborer d’ici la fin de l’année un ensemble de propositions cohérentes, hiérarchisées et complémentaires visant à utiliser la réforme actuelle comme tremplin pour reconquérir les parts de marché perdues et créer ou rapatrier tous les emplois associés ».

De nouveaux monopoles

L’AUTF partage également « très largement » le constat du rapport sur les handicaps qui pénalisent les ports français, par opposition aux « bonnes pratiques et organisations pertinentes » des ports concurrents , expliquent les chargeurs dans un long courrier adressé au ministre.

Cependant, « nous sommes plus qu’étonnés par la proposition d’une plus forte implication des collectivités locales dans la détermination des politiques de développement des GPM. L’une des ambitions affichées par le président de la République et le Premier ministre lors du lancement de la réforme portuaire n’était-elle pas de positionner les GPM dans une perspective plus nationale, voire internationale plutôt que locale? » Un objectif « totalement partagé » par les chargeurs.

Pour ces derniers, « la raison d’être des GPM est de servir le développement du commerce international de la France, ce qui dépasse de très loin les intérêts locaux. Nous nous interrogeons, en outre, sur la pertinence d’une gestion locale des ports alors que les investissements d’infrastructures resteraient majoritairement financés par l’État; les moyens de ces collectivités étant à l’évidence trop limités pour permettre les niveaux d’investissements nécessaires. Cette vision « locale » que nous contestons découle selon nous d’une erreur majeure d’appréciation du groupe de réflexion sur la finalité première d’un port, qui est de permettre l’accueil et le traitement des navires et de la marchandise de la façon la plus fiable et économique possible ».

L’AUTF en profite pour rappeler qu’à l’import, la perception de la TVA « demeure un handicap important ». Le système informatique AP + « permet à une profession intermédiaire d’organiser un monopole de fait permettant de facturer à leurs clients des prestations artificiellement créées […] ». Autre monopole dénoncé: celui du brouettage portuaire organisé, « par exemple », au Havre par les manutentionnaires.

« L’urgent est de réaliser au plus tôt des gains de productivité notamment en matière de manutention pour compenser les charges subies par les entreprises du fait de la réforme en cours, tout en assurant une réelle fiabilité, ce qui passe par une paix sociale totale et pérenne ».

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