Charles Revet, sénateur de la Seine-Maritime, a été, en juin 2008, rapporteur au Sénat de la loi portant réforme de l’organisation portuaire. Il devient aujourd’hui critique. « Nous avons beaucoup polarisé sur la crise sociale dans les ports, ce serait une erreur de voir les difficultés des ports liées uniquement à ces mouvements », a commencé par indiquer Charles Revet. Le constat est plutôt alarmant pour tous les membres de ce groupe de travail réunissant des sénateurs de l’UMP, du centre, du groupe communiste et du groupe socialiste. L’unanimité est faite sur la faiblesse de stratège de l’État. Il investit peu dans les ports. Et Robert Navaro, sénateur PS et membre de ce groupe de travail, enfonce le clou. « Qui que ce soit qui gouverne, nous aurons peu de financements pour les ports. Je préconise donc le partenariat public-privé pour le développement de nos ports. » La seconde raison du déclin tient au manque de fiabilité des ports, notamment par les crises sociales à répétition. Troisième volet de la critique, le manque d’ancrage sur les territoires des Grands ports maritimes.
Alors, pour faire de cette réforme un véritable changement, le groupe de travail a listé quinze propositions (voir notre article en p. 17) autour de deux axes: la proximité entre les ports et les décideurs politiques et économiques, et une plus grande autonomie. Charles Revet propose une plus grande implication des collectivités locales et territoriales. Il souhaite changer les compositions des structures de gouvernance. « Quand j’ai assumé la tâche de rapporteur, j’ai souhaité que la loi aille plus loin. Je n’ai pas pu, alors maintenant je propose que nous ouvrions ce chantier », a-t-il indiqué. Et pour ce faire, il envisage de déposer une question orale lors d’une séance à la rentrée pour engager un véritable débat. Des discussions en pleine période préélectorale qui pourraient se teindre d’une note électoraliste. Robert Navarro assure pour sa part que « si François Hollande l’emporte en 2012, je serais la mouche du coche pour lui rappeler de faire avancer les choses ».
Parmi ces propositions, le groupe de travail sénatorial demande une plus grande présence des responsables économiques, politiques et syndicaux dans les organes de décision des ports. Il souhaite aussi que soit créée une société de manutention à capitaux publics et privés spécialisée dans la conteneurisation sans être affiliée à un armateur. « Nous voulons créer une HHLA à la française qui permette d’éviter ce qui s’est passé récemment sur des ports comme Dunkerque où le terminal a changé d’actionnaires ces dernières années. »
Enfin, sans parler d’une harmonisation des statuts entre Grands ports maritimes, ports décentralisés et ports fluviaux, les sénateurs proposent une réforme de la gouvernance et de la manutention de ces établissements. Une proposition déjà lancée par la FNPD-CGT.