Dans le numéro du 9 août, le Journal de la Marine Marchande titre sur « Un nouvel Epic » dans le transport fluvial. Deux semaines auparavant, le 20 juillet 1991, un décret crée Voies navigables de France en remplacement de l’ONN (Office national de la navigation). Une décision qui « traduit la volonté du gouvernement de moderniser la gestion et le financement de la voie d’eau », écrit le journaliste de l’époque. Georges Sarre, secrétaire d’État aux Transports routiers et fluviaux, a expliqué la gestation de ce projet depuis le comité interministériel à la mer du 17 janvier 1990, présidé par Michel Rocard, premier ministre. En donnant le nom de Voies navigables de France, le gouvernement a voulu montrer son intention de démarquer l’établissement public industriel et commercial de la tutelle de l’État. La première présidence de VNF sera alors attribuée à Jean Chapon.
Cette réforme se veut avant tout une nouvelle vision de la gestion des voies navigables en France. Le secrétaire d’État aux voies navigables souhaite « mettre en place un financement pérenne assis sur une taxe sur les ouvrages de prise et de rejet d’eau ainsi que sur des péages ». Au cours de la présentation de ce nouvel établissement, Georges Sarre indique aussi la participation financière de VNF au financement de la liaison Rhin-Rhône.
L’autre volet de la transformation de l’ONN en VNF porte sur la réforme du tour de rôle. Un système administratif du trafic fluvial que les moins de 11 ans n’ont pas connu. Le secrétaire d’État aux transports routiers et fluviaux promet pour le printemps 1992 un texte de modernisation de ce système.
Après 20 ans d’existence, VNF souffle, cet été, ses dernières bougies pour faire place à une nouvelle réforme de sa gestion. En 20 ans d’existence, l’établissement public a connu bien des nouveautés. Peu de temps après sa création, sous l’égide du gouvernement d’Édith Cresson, VNF est délocalisé à Béthune. Quant à Jean Chapon, premier président, il quittera sa fonction dans les mois qui suivront. L’autre grande figure de cet établissement sera François Bordry dont l’action pour la voie d’eau n’aura pas eu d’égale en ce début de XXIe siècle. Si, à l’origine de VNF, Georges Sarre insiste sur la participation financière pour la liaison Rhin-Rhône de cet établissement, en 1997, le projet de relier les deux fleuves sera abandonné par Lionel Jospin lors de son discours inaugural. L’attention en matière de liaison interbassin se focalisera alors sur Seine-Nord, dont l’ouverture est prévue en 2016. En 20 ans, VNF a montré ses compétences en développant des trafics comme les conteneurs, les déchets banals et l’intégration de ce mode dans la chaîne logistique. Il a participé à la modernisation des voies navigables. C’est en pleine force de l’âge et de maturité que VNF jette l’éponge pour renaître sous forme d’une agence avec un chantier social de taille.