Arrivé à Pointe Noire en 2009, Bolloré Africa Logistics a d’emblée perçu la position stratégique du port. Dans son contrat de concession, il a prévu un investissement de 574 M€ pour faire de ce port un hub pour la région et une porte vers les pays voisins d’Afrique. Un constat qui se traduit dans les chiffres. Le port de Pointe Noire a traité 354 236 EVP en 2010 dont 72 %, soit 257 553 EVP, en transbordement. En deux ans d’exploitation, le terminal a vu son trafic augmenter de 10,3 %. « Pointe Noire est la porte maritime pour 60 millions d’habitants du Congo et de la république démocratique du Congo. Ce port se doit être au service de la croissance économique pour ces pays », indique Dominique Lafont, directeur de Bolloré Africa Logistics. Le marché de ce port est triple: il sert aux besoins de l’économie du Congo. Il est une porte maritime pour tous les pays du bassin du Congo, depuis la ROC à la République centrafricaine. Enfin, il joue le rôle de plate-forme de transbordement pour les ports de la sous-région. Pour répondre à ces trois marchés, le groupe a présenté un projet d’investissement de 574 M€, dont 504 M€ pris en charge par le groupe, le solde revenant aux bailleurs de fonds et à l’autorité portuaire. Dès son arrivée, BAL a réalisé les travaux d’urgence avec la réfection de la surface des quais et du terre-plein et l’aménagement de la zone logistique, soit au total 3 M€ investis. L’urgent fait, Bolloré Africa Logistics est passé à la phase 2 de son programme en démarrant de nouveaux investissements. Ils visent à moderniser et étendre le terre-plein de 24 ha et revêtir le terminal, pour un coût de 55 M€. Du côté du quai, BAL a allongé la longueur de quai de 800 m et l’a porté à 15 m de tirant d’eau. Des travaux qui s’élèvent à 50 M€ dont 32 M€ à la charge de Congo Terminal et le réaménagement de surfaces et de bâtiments. « Nous ferons de Pointe Noire le port de référence de l’Afrique centrale », souligne Dominique Lafont. Le dragage à un tirant d’eau de 13 m est déjà opérationnel, indique le directeur du Port autonome de Pointe Noire (PAPN) et des études sont lancées pour un approfondissement à 16 m. « Nous attendons le rapport pour le mois de novembre », confie Jean-Marie Aniélé, directeur du PAPN. Avec ces atouts, Pointe Noire doit pouvoir se hisser au niveau d’un hub. Profitant des difficultés du port de Luanda en 2009, dont le temps d’attente est monté jusqu’à 60 jours, ou de la nécessité de disposer de feedering vers les ports dont le tirant d’eau est trop faible comme à Matadi ou Douala, Pointe Noire doit pouvoir rapidement atteindre des niveaux de trafic importants. « Nous savions, quand nous avons signé la concession, que notre premier relais de croissance sur Pointe Noire seraient les trafics de transbordement. Nous devons ouvrir l’ensemble des ports de la côte africaine à tous les armateurs en créant un hub. Dans un second temps, nous irons chercher de la croissance avec les trafics de RDC et RCA », souligne Dominique Lafont. L’enjeu du port dépend en large partie, selon le directeur de BAL, du désenclavement de la RDC. La seule porte de sortie maritime de ce pays est à Matadi dont l’opérateur n’est autre que Bolloré Africa Logistics. Un établissement dont le tirant d’eau ne dépasse pas 7 m sans avoir un espoir de pouvoir l’améliorer. « La république démocratique du Congo doit tirer profit de son potentiel économique pour devenir un point d’équilibre régional », selon Dominique Lafont.
Diversifier les infrastructures de transport
L’avenir repose alors sur les infrastructures de transport. La desserte de Kinshasa doit se faire par la route. Elle devrait être terminée en 2013. Reliant le port au fleuve Congo, cette route sera le lien naturel avec Bangui, en République centrafricaine, pour alimenter tout le bassin du Congo. « La RCA est appelée à sortir par Pointe Noire, mais elle doit disposer pour cela d’infrastructures de transports dimensionnées. L’Afrique doit diversifier ses corridors intérieurs », continue Dominique Lafont. Dans cette stratégie de corridor, le ferroviaire doit jouer un rôle important. Le CFCO (Chemin de fer de Congo Océan) est dans un état de délabrement avancé. « La voie est dans un tel état que le concept de sécurité est devenu fondamental », selon Dominique Lafont. L’État du Congo a décidé d’investir sur le ferroviaire. « Notre objectif est que le CFCO fonctionne pour porter Pointe Noire à son niveau. » Si l’État investi, Bolloré Africa Logistics regarde avec attention les réalisations. Devra-t-il prendre la concession du CFCO comme il l’a fait en Côte d’Ivoire ou au Cameroun? « L’État est souverain. Nous sommes disponibles pour une aide mais nous ne voulons pas tout endosser. Si le gouvernement trouve une voie ou s’il nous demande d’y aller, nous regarderons, mais nous n’irons pas seul sur ce dossier, nous nous attacherons avec d’autres investisseurs privés. » La réponse du directeur du PAPN est ouverte. « Le gouvernement n’a pas encore arrêté de schéma directeur. Il doit faire son choix bientôt. » En attendant, il confirme une enveloppe annuelle de 25 MdFCFA (375 M€) par an de l’État.
En 2033, Congo Terminal pourra traiter 1,7 MEVP par an sur 1 500 mètres linéaires de quai dont 800 m à un tirant d’eau de 15 m, un objectif qui dépend avant tout de l’avancement des infrastructures terrestres. Et le directeur du PAPN se félicite des choix pour la construction de ces voies: « Les Chinois construisent et les Français exploitent, c’est la solution idéale. »
Des Chinois dans le groupe Bolloré
Depuis plusieurs années, les groupes chinois investissent dans les pays d’Afrique de l’Ouest. Ils arrivent avec leur propre personnel. Pour répondre aux besoins de ces nouveaux clients africains, le groupe Bolloré a embauché des salariés chinois. Au Congo, une jeune Chinoise a pour mission de développer les relations commerciales avec les groupes chinois présents sur place. « Nous parlons la même langue et avons les mêmes centres d’intérêt. Nous ne sommes pas nombreux à venir de Chine, même si nous venons de régions différentes, nous parlons la même langue », explique cette commerciale. Après avoir travaillé en Chine pour le groupe SDV, elle est désormais expatriée au Congo pour travailler en liaison avec les groupes de son pays natal. Une particularité du groupe français qui semble porter ses fruits puisque les opérations commerciales du groupe avec les investisseurs chinois dans la région sont en augmentation.