En 2006, lorsque le groupe Bolloré cède l’armement Delmas au groupe CMA CGM, des analystes imaginent déjà le divorce entre l’Afrique et Vincent Bolloré. Ce dernier s’en défend. Il va encore plus loin et centre ses ambitions africaines autour du transport terrestre et des ports maritimes.
Pour gérer les activités transport de son groupe, Vincent Bolloré crée une structure spécialement dédiée, en 2008: Bolloré Africa Logistics. Elle regroupe plusieurs marques commerciales du groupe, à l’image de SDV, Saga, Afritramp et d’autres. Déjà bien implanté depuis plusieurs décennies dans le monde des transports et de la manutention portuaire, le groupe décide de franchir un nouveau cap et de se tourner vers la concession portuaire. Plus question d’être simplement un manutentionnaire dont la fonction est de gérer les relations entre armateurs et réceptionnaires, mais bien de se placer dans un schéma à long terme de la gestion des ports. Une stratégie que le groupe sème partout en Afrique de l’Ouest.
Le temps des appels pour les concessions portuaires
Bolloré Africa Logistics a remporté des concessions dans de nombreux ports sur la région. Il a su profiter de l’ouverture aux privés des concessions portuaires. Lorsque les organismes internationaux ont décidé d’aider les pays africains, ils ont mis en balance l’exigence d’une ouverture de certaines infrastructures dont les ports ont fait partie. Ce fut le temps des appels pour les concessions portuaires dans la région. Au fur et à mesure, Bolloré Africa Logistics a su prendre sa place aux côtés des grands groupes internationaux. En 2010, le groupe a manutentionné plus de 3,1 MEVP dans les ports africains. Plus qu’une présence, Bolloré Africa Logistics dispose désormais d’un réseau portuaire dans la région avec les terminaux conteneurs d’Abidjan, San Pedro (Côte d’Ivoire), de Téma (Ghana), de Cotonou (Bénin), de Lomé (Togo), de Tincan (Nigeria), Doula (Cameroun), Libreville (Gabon), Freetown (Sierra Leone), Bangui (République Centrafricaine) et Pointe Noire (Congo Brazzaville). En outre, le groupe a remporté des concessions en Afrique du Nord avec le terminal à conteneurs du port libyen de Misurata. Le groupe basé à Puteaux mène une stratégie d’implantation locale aux côtés des bailleurs de fonds, des armateurs et aussi les gouvernements locaux et des sociétés locales. Ces différents accords permettent au groupe de disposer de partenaires solidement implantés dans le tissu économique local.
Démographie, taux de croissance, des potentiels de développement importants
En combinant ses réseaux portuaire et terrestre, le groupe se place au cœur de la chaîne logistique dans un continent en pleine évolution. Avec une démographie en expansion et des taux de croissance économique frôlant les deux chiffres, l’Afrique offre des potentiels de développement importants. Dans son étude sur les perspectives économiques régionales de l’Afrique subsaharienne, le Fonds monétaire international table sur une croissance de 5,5 % en 2011. « Après le ralentissement provoqué par la crise, la reprise est désormais bien engagée en Afrique subsaharienne et la croissance économique a retrouvé un rythme assez proche des niveaux élevés enregistrés au milieu de la décennie 2000. » Si la production augmente, l’inflation devrait suivre le même chemin avec une hausse de 10 % en raison de la progression des prix des matières premières. « Pour plusieurs pays, la hausse des prix des produits de base – en particulier du pétrole – sera une aubaine, mais elle en pénalisera beaucoup d’autres. Globalement, elle devrait contribuer à réduire les déficits budgétaires et courants qui sévissent dans toute la région et permettre, grâce à cette diminution des déficits courants, un accroissement des réserves internationales. Bref, le paysage qui se dessine est celui d’une reprise vigoureuse après le ralentissement de l’activité en 2009 », continue le rapport du FMI.
En développant des partenariats avec les autorités et les sociétés locales, la structure du groupe Bolloré mise sur le développement de la région. « Notre implantation dans la région est dictée par une stratégie de long terme. Plus qu’un pari sur le développement économique des pays africains, nous voulons y participer à notre manière », indique Dominique Lafont, directeur général de Bolloré Africa Logistics.
De Misurata à Pointe Noire, Bolloré Africa Logistics investit lourdement sur le continent et notamment dans les ports dont il a remporté la concession. Des sommes qui se répartissent dans le temps et qui doivent permettre aux différents terminaux d’être sur un standard optimum. « Nous pourrions définir notre référentiel à partir des activités que nous développons sur le terminal d’Abidjan », explique Dominique Lafont. Du terminal de Conakry, dont la concession a été remportée au mois de février de cette année, à celui de Tincan en passant par Pointe Noire, Bolloré Africa Logistics peint un tableau des différentes phases de ses investissements.