Abidjan, une palette d’activité qui en fait la référence portuaire

Article réservé aux abonnés

Bolloré Africa Logistics (BAL) cumule les première place en Côte d’Ivoire. Premier employeur français de main-d’œuvre ivoirienne, premier opérateur logistique intégrée, premier opérateur de partenariat privé-public et premier collecteur de taxes pour l’État, Bolloré Africa Logistics a fait de son développement en Côte d’Ivoire une vitrine de référentiel pour le continent. La crise ivoirienne qui a frappé le pays au début de l’année a mis un frein au développement économique, mais aujourd’hui les choses semblent se résorber. « Dès le mois de février, les banques ont quitté le pays. L’économie a été gelée. Nous avons maintenu le port en l’état avec l’aide des salariés », explique Lionel Labarre, directeur régional d’Afrique de l’Ouest de Bolloré Africa Logistics. La situation est plus calme aujourd’hui avec le retour des banques et des premières exportations. Le 1er avril, un navire du groupe CMA CGM a accosté le long des quais du terminal d’Abidjan. « Notre atout a été d’être présent pendant toute la crise. Une stratégie que nous avons suivie en 2003 et en 2011. Notre responsabilité est d’assurer la continuité du fonctionnement des infrastructures », souligne Dominique Lafont, directeur général de BAL.

La crise ivoirienne laissera des traces à bien des égards dans le groupe. Sur les quatre premiers mois de l’année, la direction générale du groupe estime avoir perdu 80 % de son chiffre d’affaires sur le pays. Une perte qui sera sans doute compensée par le gain dans d’autres pays du continent. Aujourd’hui, la crise s’éloigne peu à peu. Le temps est revenu de se projeter dans l’avenir et de regarder les capacités de redressement du port. Si les infrastructures ont été épargnées pendant les mois de crise, Bolloré Africa Logistics veut continuer à hisser le terminal d’Abidjan sur les standards internationaux. Avec un volume de plus de 500 000 EVP par an, le terminal d’Abidjan, géré par la SETV (Société d’exploitation du terminal de Vridi) a vu ses trafics progresser de 20 % entre 2004 et 2010. Une progression liée aux investissements réalisés au cours des dernières années. Le terminal dispose de quatre portiques de quai, deux grues Gottwald et 16 RTG de parc. « Nous pourrions passer à un trafic d’1 MEVP, mais cela dépend surtout des délais de dédouanement », explique Lionel Labarre. Actuellement, le temps de dédouanement est en moyenne de 14 jours. La productivité du terminal serait améliorée si ce délai descend à sept jours.

Le terminal le plus productif d’Afrique de l’Ouest

SETV demeure malgré tout un terminal à la productivité reconnue. Bolloré Africa Logistics n’hésite pas à donner les chiffres de ses clients sur sa productivité. Selon le groupe CMA CGM, la productivité du terminal ivoirien avoisine celle d’Anvers sur les lignes entre l’Europe et l’Afrique de l’Ouest et dépasse Le Havre. Pour le premier armateur mondial, Mærsk Line, Abidjan demeure le terminal le plus productif de l’Afrique de l’Ouest.

Terminal aux standards internationaux, Bolloré Africa Logistics continue d’investir. « Sur les cinq premières années du contrat de concession nous avons investi 35 MdFCFA (525 M€). Nous pensons en faire autant pour les cinq prochaines années », indique Dominique Lafont. Sur les 1 000 mètres linéaires (ml) de quai, le groupe prévoit la consolidation de 360 m supplémentaires pour y poser des rails pour les portiques. Les travaux devaient démarrer avant la fin de l’année et s’étendre sur sept à huit mois, et représentent un investissement de 15 M€. Deux nouveaux portiques overpanamax viendront ensuite rejoindre ceux existants.

Avec un tirant d’eau de 11,50 m, le port peut déjà recevoir des unités de 4 500 EVP, mais pas chargées à plein. Les armateurs ont déjà commandé des navires spécifiquement dédiés aux ports d’Afrique de l’Ouest avec des tirants d’eau plus faibles mais plus larges. Dans le même temps, l’autorité portuaire souhaite entreprendre des travaux pour approfondir le chenal d’accès.

Présent dans la conteneurisation, Bolloré Africa Logistics est aussi concessionnaire du terminal roulier adjacent à SETV. Deux terminaux qui autrefois ont joué la carte de la concurrence pour aujourd’hui se placer sur le terrain de la complémentarité. Des trois postes à quai et huit hectares de surfaces aménagées, BAL traite sur ce terminal quelque 20 000 véhicules, 38 000 EVP et plus de 14 000 t de marchandises diverses. Enfin, toujours en Côte d’Ivoire, la filiale du groupe Bolloré est présente sur le port de San Pedro. La société d’exploitation de ce terminal est une association d’acconiers dont le chef de file est représenté par Bolloré Africa Logistics. Terminal polyvalent dédié à l’exportation de matières premières, San Pedro a fait l’objet d’un contrat de concession de 10 ans adjugé en 2010.

Faire d’Abidjan la porte d’entrée de la région

Le portuaire est un maillon essentiel du transport international. Depuis de nombreuses années, le groupe Bolloré l’a compris et mise sur ce point en voulant faire d’Abidjan la porte d’entrée de la région. Mais un port n’est rien sans une logistique appropriée pour les clients. Au travers des différentes marques du groupe, BAL tourne l’ensemble de ses activités vers le désenclavement et l’intégration régionale. Pour cela, il développe sa spécialité sur la logistique des matières premières. Le réseau africain du groupe travaille sur l’exportation des matières premières produites par les pays de la région. Ainsi, ce sont quelque 470 000 t de cacao, soit 65 % de la production, qui chaque année quittent la Côte d’Ivoire par le port avec les services logistiques du groupe. Le groupe intervient pour une part non négligeable des exportations de fruits locaux (mangue, ananas et bananes) vers l’Europe par conteneurs réfrigérés directement chargés depuis les lieux de production jusqu’aux marchés européens. Logisticien d’export, Bolloré Africa Logistics est aussi présent sur les importations. Le développement de la production pétrolière et minière dans le pays a incité le groupe à investir dans des moyens adaptés. Pour répondre à la demande des exploitants pétroliers de Côte d’Ivoire, Canadian National Ressources, Chevron et Exxon surtout, le groupe français a installé une base logistique dédiée. Une position que le groupe a aussi déclinée sur la logistique minière avec le développement des différentes mines d’or du pays. « Nous disposons d’une expertise sans commune mesure en Afrique de l’Ouest avec plusieurs grues et des équipes dédiées », explique Lionel Labarre.

Outre ces activités, Bolloré Africa Logistics a investi dans des silos pour le transport de céréales, continue d’offrir des prestations pour les armateurs au travers de ces différentes entités commerciales et dispose d’un réseau ferroviaire de plus de 1 200 km.

« Le principal enjeu pour la Côte d’Ivoire est d’entrer dans une phase de normalisation et de stabilité politique », rappelle Dominique Lafont. Il continue en soulignant que, désormais, il faut passer aux choses sérieuses et continuer les actions entreprises depuis plusieurs années notamment par la formation des salariés. Pour ce faire, le groupe a créé à Abidjan un centre de formation pour le recrutement de 200 conducteurs de portique de quai et de 500 opérateurs de caristes et RTG. Il forme les personnels d’Abidjan mais aussi des équipes qui sont appelées à travailler sur le terminal de Freetown au Sierra Leone. « Nous voulons élargir ce centre aux autres sociétés nationales et africaines et à d’autres métiers. » Et pour aller encore plus loin, ce centre est dirigé par une femme qui en est directrice adjointe.

Sitarail se relève de la crise

Sitarail, société exploitant le chemin de fer partant d’Abidjan et rejoignant le Burkina Faso, n’a pas été épargnée par la crise du début de 2011. Dès les premiers jours de la crise, le chef d’État-major a demandé au groupe de suspendre les activités du rail. Aujourd’hui, l’activité redémarre mais sur un rythme plus lent qu’auparavant, la sécurité n’est pas encore tout à fait assurée sur l’ensemble des 1 200 km de parcours. En 2010, la société a pourtant frôlé le transport de 1 Mt de fret sur son réseau, dont 80 % à l’import et 20 % à l’export. À l’import, Sitarail achemine principalement des hydrocarbures, des céréales, du ciment, des engrais et des conteneurs. À l’export, elle redescend du coton, des animaux vivants et des minerais. Le groupe Bolloré s’est vu confier la gestion de Sitarail au travers d’un partenariat public-privé le 21 août 1995. Malgré les périodes difficiles comme la crise de 2003, Bolloré est toujours resté. En 2010, les deux États en charge de la gestion de ce réseau, la Côte d’Ivoire et le Burkina Faso, ont décidé de prolonger la concession de 20 ans. Ces deux États cherchent avant tout à pouvoir offrir un service de voyageurs et de fret fiable et compétitif, et le groupe Bolloré de disposer d’un outil logistique intégré pour désenclaver les pays de la région. Les deux partenaires ont un projet dans les cartons de prolonger la ligne jusqu’au Niger. Déjà, Bolloré Africa Logistics a investi 100 M€, alors que le contrat de concession a prévu un investissement de 50 M€. Après 15 ans de concession, le constat sur les limites montre que si ce réseau est le plus performant en Afrique subsaharienne, les objectifs définis par la convention n’ont pas tous été atteints. Pourquoi? Les conséquences de la crise politique en Côte d’Ivoire ont fait subir une perte de 40 M€ et Sitarail supporte tous les investissements. Ce déséquilibre dans les obligations des parties doit être résolu dans les prochains mois. Les deux États ont demandé aux bailleurs de fonds d’intervenir, mais la procédure est longue. Alors, dans le cadre de la nouvelle convention, un nouvel équilibre des obligations laisse aux États le soin de gérer l’infrastructure et à Sitarail celui de maintenir le matériel. Bolloré Africa Logistics prévoit alors un nouveau programme d’investissement de 220 M€.

Enquête

Archives

Boutique
Div qui contient le message d'alerte
Se connecter

Identifiez-vous

Champ obligatoire Mot de passe obligatoire
Mot de passe oublié

Vous êtes abonné, mais vous n'avez pas vos identifiants pour le site ?

Contactez le service client abonnements@info6tm.com - 01.40.05.23.15