Journal de la Marine Marchande (JMM): Quelle politique commerciale appliquez-vous au port de Bordeaux?
Laurence Bouchardie (L.B.): Le port fonctionne tout d’abord avec des spécialistes par filière. Son rôle commercial est d’être un facilitateur et un accélérateur pour de nouveaux projets et pour le développement de trafic. Il est ce guichet d’entrée pour avoir une action partenariale et transversale avec différents partenaires: la capitainerie, les services techniques, les douanes et, en externe, l’Union maritime et portuaire, les opérateurs portuaires, les agences de développement économique locales telles que Bordeaux Gironde Investissement, 2ADI, les collectivités territoriales, les services de l’État… sans oublier les porteurs de projets. Le port crée des ponts entre ces différents services pour faire émerger des projets industriels et logistiques.
JMM: Sur quels projets cette politique a-t-elle dernièrement permis d’aboutir?
L.B.: Le projet, par exemple, d’implantation de la société Derichebourg, acteur majeur dans la collecte et le recyclage de ferrailles. Son projet prévoit à Bassens des exportations maritimes vers le Portugal ou la Turquie pour un trafic annuel d’au moins 120 000 t d’ici à 2014. À Bassens, nous venons d’enregistrer début juin la première escale d’un nouveau trafic de plaquettes de bois. Dans le domaine de l’éolien, notre département commercial travaille depuis un certain temps à faciliter l’implantation au Verdon d’entreprises de ce secteur en liaison avec le cluster éolien aquitain et les collectivités territoriales locales. Nous avons mis en place pour deux entreprises intéressées une convention, sorte de protocole d’intention, qui permet d’assurer des engagements respectifs des partenaires, de faciliter l’instruction des dossiers et de permettre à ces entreprises de lever des fonds pour répondre à l’appel à projets de l’État français. Pour favoriser l’import de granulats, le GPMB construit un nouveau terminal spécialisé à Grattequina, terminal qui a été adapté pour répondre aux demandes différentes des secteurs de l’éolien (EADS notamment) et du granulat.
JMM: Cette politique commerciale se démarque-t-elle des autres ports français?
L.B.: Étant donné les effectifs réduits de ce service comparés à d’autres ports, notre action de fait est davantage partenariale avec les agences de développement économique, les clusters locaux, les opérateurs portuaires… Elle est d’autant plus nécessaire que le port de Bordeaux, contrairement par exemple au port du Havre, est moins prégnant dans l’économie locale. L’avantage, c’est que le port étant déjà avancé dans cette démarche transversale, les dossiers avancent plus vite. Le port a aussi un rôle de suivi quotidien et de promotion sur des salons professionnels ciblés en partenariat avec les ports de Nantes et La Rochelle. Une des spécificités bordelaises est notre participation à la plate-forme logistique Aquitaine-Euskadi voulue par la région Aquitaine et qui travaille sur la promotion des relations de transports entre les deux régions européennes.
JMM: Quels sont les atouts que vous mettez en avant pour convaincre les clients?
L.B.: La façade atlantique est une porte d’entrée alternative aux hubs du Havre et de Marseille. En utilisant un port de proximité, les opérateurs bénéficient d’un service sur mesure et de coûts réduits de pré et post-acheminement et disposent à Bordeaux d’une régularité des feeders avec la présence de MSC et CMA. Des trafics tels que l’Airbus A380 permettent aussi de montrer notre capacité à monter une chaîne logistique complexe. Nous assurons également la promotion de notre patrimoine foncier et valorisons cet atout. À la différence d’autres ports, nous avons cette chance d’avoir de grandes disponibilités notamment au Verdon où 200 ha de terrains à vocation industrielle sont disponibles.