Journal de la Marine Marchande (JMM): Quelles sont les attentes actuelles des utilisateurs du port?
Henri-Vincent Amouroux (H.-V.A.): Après un conflit qui a duré trois ans, il faut désormais restaurer la confiance. Le manque de fiabilité du port a conduit à une dégradation de son image qui a impacté tous les maillons de la chaîne. Il reste désormais à convaincre la clientèle que la paix sociale et la fiabilité technique sont durablement ancrées sur les quais du port de Bordeaux, conditions du retour des trafics.
JMM: Jugez-vous la politique commerciale du port, ces dernières années, suffisamment offensive?
H.-V.A.: Dans un contexte pollué par la réforme, la politique commerciale et de promotion du port a été le parent pauvre de cette période. L’impulsion devait venir du directoire même si, à leur décharge, il est difficile de promouvoir un outil quand on ne sait pas s’il va fonctionner. Au-delà, encore faut-il que le port puisse accueillir des activités liées au report modal quand on voit les difficultés auxquelles on se heurte à Ambarès, notamment sur la zone de Sabarège où l’opposition des élus est forte. Depuis des années, on en reste au projet d’étude. Un port n’est pas déplaçable, le chenal passe au niveau de Bassens. Si on veut développer des activités, c’est surtout sur ces zones. Le port a son rôle à jouer dans le déminage de ces projets. Il doit les accompagner avec vigueur et l’appui permanent de la communauté portuaire.
JMM: Les efforts faits en termes d’amélioration des accès maritimes et terrestres sont-ils suffisants?
H.-V.A.: Concernant l’accès nautique, on est pénalisé pour l’instant par l’état de vétusté de la drague Pierre Lefort qui a connu des avaries. On attend que les tirants d’eau soient restaurés et que la démarche pour améliorer l’accès se poursuive résolument. C’est devenu préoccupant en termes de développement pour pouvoir accueillir notamment de gros navires à Bassens. On s’est réjoui, l’été dernier, de l’arrivée d’un Panamax pour de l’export de blé. Ce type d’escale doit pouvoir se renouveler. Concernant les accès terrestres, l’engorgement de l’agglomération nuit à la performance portuaire. Cette fluidité manque pour accéder à Bassens, Ambès ou le Verdon. L’aménagement de la côte de la Garonne à Bassens a permis d’améliorer les flux, mais pas à la hauteur de ce que l’on attendait. Quant à l’aménagement nord au niveau d’Ambés, il faut que la Communauté Urbaine de Bordeaux prenne cette question à bras-le-corps.
JMM: Quels sont les points positifs que vous identifiez sur l’aménagement des sites portuaires et la bonne marche des trafics?
H.-V.A.: Une réflexion a été lancée sur un projet de parking à Bassens comprenant des services d’accueil pour les chauffeurs de poids lourds, un local pour des marins. Divers élus et collectivités locales y sont très impliqués. Ce projet est en cohérence avec la mise aux normes en termes de sécurité du site portuaire. Autre point positif: Bordeaux accueillera en 2015 le congrès mondial sur les transports intelligents. Dans ce domaine, Bordeaux est bien positionné et bénéficie d’une large reconnaissance. Cela s’illustre par l’utilisation d’un système de modélisation pour évaluer les évolutions de la passe ouest, par les outils informatiques de la société de remorquage Thomas qui permet de connaître le positionnement et la consommation des navires, un simulateur de pilotage. Le système Poseidon (Plate-forme Opérationnelle de Système d’Échanges Informatisés de DONnées), qui permet notamment le suivi des escales et des marchandises, de dématérialiser les formalités administratives et douanières, le traitement de statistiques, a été retenu comme exemplaire. Au-delà de la prouesse technique, il est l’illustration de la qualité de dialogue entre le port, l’UMPB et la direction des Douanes.