Pascal Galeote n’a jamais voulu de la réforme des ports. Il ne s’en est jamais caché et contre mauvaise fortune bon cœur, le leader cégétiste des bassins Est a dû se résoudre à voir partir ses camarades portiqueurs et grutiers vers les entreprises de manutention le 1er juin. Ne croyez pas que les bataillons de son syndicat se soient clairsemés avec la réforme. Il a créé une section syndicale, CGT Intramar STS, rattachée au syndicat rebaptisé CGT/UGICT CGT/USR des personnels et détachés du GPMM. Interrogé, il refuse d’en parler.
Aucune alliance ou fusion n’a été passée avec la CGT des dockers des bassins Est dont le secrétaire général, Daniel Manca, attend désormais que l’État tienne ses engagements de 2008. « Nous allons être très regardants sur ce que nous ont promis les politiques lorsqu’ils ont fait l’éloge de la réforme. Ils ont promis des emplois et des investissements. Les trafics devraient se développer au Havre et à Marseille. En revanche, nous sommes inquiets pour Nantes et Bordeaux où le seul projet a été torpillé par le gouvernement », explique Daniel Manca, secrétaire général CGT des dockers des bassins Est de Marseille. À l’Ouest, on joue volontiers la transparence, et l’ouverture et l’union avec la CGT dockers date de plus d’un an lorsque le portiqueur Robert Cret a alors créé un syndicat dissident des agents de Fos. « Nous avons complètement épousé les contours de la loi avec le commandement unique et les conventions d’exploitation des terminaux qui donnent aux opérateurs la liberté totale d’exploiter les outillages. À présent, il leur appartient d’investir, de développer le port et de l’agrandir », explique Robert Cret, qui vient de se mettre en retrait de la vie syndicale au bénéfice de Stephan Stamatiou, secrétaire général CGT des dockers des bassins Ouest et du golfe de Fos. Fins négociateurs de la déclinaison locale de la réforme dans les bassins Ouest, le tandem a su se faire apprécier et respecter des armateurs et des manutentionnaires sans jamais se détourner de leur idéal syndical.
Aujourd’hui détaché à Eurofos, Robert Cret a rejoint le rang des dockers comme ses camarades. « Nous ressentons de l’amertume car nous étions attachés à nos conditions de travail. Nous avons néanmoins tiré le meilleur parti en termes de salaires et de garanties nationales et locales. L’accord-cadre offre un catalogue de garanties », explique Robert Cret. En artisan local de la réforme, il ajoute: « Nous ne voulions pas être docker mais nous avons dû nous adapter à la loi et en tirer le meilleur parti pour le développement et l’emploi. »
Stephan Stamatiou veut à présent « enterrer la hache de guerre ». « En donnant la chance à l’unicité de commandement, nous verrons bien si les tonnages reviennent ou pas. Depuis le 3 mai, nous sommes dans une période de rodage qui devrait durer encore quelque mois », ajoute-t-il.
Désormais, les 160 agents de Fos détachés sont sous l’autorité des acconiers et il semblerait que le processus suive son cours avec de nouvelles perspectives. Un centre de formation à la conduite des engins (portiques, cavaliers…) devrait bientôt voir le jour à l’initiative du Semfos. Et la mise en service progressive du terminal à conteneurs de Fos2XL devrait contribuer à la hausse des trafics et des effectifs. « En plus des détachements, nous avons obtenu 120 embauches supplémentaires. D’ici le 1er juillet, 60 nouveaux emplois seront créés et 60 autres de septembre à décembre », ajoute Stephan Stamatiou. Pour la CGT, la balle est maintenant dans le camp des opérateurs.