Journal de la Marine Marchande (JMM): Qu’attendez-vous à présent de la réforme des ports?
Jean-Luc Chauvin (J.-L.C.): Nous avons fait un grand pas mais il faut parvenir à transformer l’essai, retrouver la fiabilité et réaliser des investissements. Un gros effort reste à faire pour démontrer que Marseille est un port fiable et pour reconquérir des parts de marché. Les trafics ne reviendront pas du jour au lendemain, il faudra plusieurs années. La géographie du port est un atout et nous avons des réservoirs de développement avec la remontée des marchandises sur le Rhône. Et de l’autre côté, nous avons le marché du Maghreb qui devrait se développer. Nous avons peut-être manqué d’ambition car nous avons été empêtrés dans nos problèmes sociaux. Tous ensembles, les chefs d’entreprise et les salariés du port doivent prendre conscience qu’il s’agit d’un enjeu majeur pour notre développement territorial.
JMM: Les relations entre l’Union patronale et le GPMM ne sont pas vraiment au beau fixe. Qu’allez-vous faire pour renouer le dialogue?
J.-L.C.: Nous avons très peu de relations avec le port qui considère que le collectif et l’UPE ne sont pas ses interlocuteurs, mais il n’a pas bien compris que notre souhait était le développement du port. À l’Union patronale, nous comptons beaucoup de clients qui se sont retrouvés en difficulté. Le port est un outil structurant du développement économique du territoire.
JMM: Pensez-vous que l’Union patronale a joué un rôle dans la mise en œuvre de la réforme?
J.-L.C.: La réforme est partie de Marseille. Mon prédécesseur, Stéphan Brousse, y a beaucoup contribué aux côtés de Jacques Pfister, président de la Chambre de commerce et d’Industrie. Sur la question de la publicité, nous avons estimé qu’il était légitime que les citoyens connaissent la véritable situation. Lorsqu’on vous bâillonne, il faut trouver des solutions. Nous avons donné ces informations puis le rapport de la Cour des comptes a montré que nous étions en deçà de la réalité. Avec de telles conditions de travail, on n’a pas le droit de prendre en otage une économie et son territoire. Nous avons fait tomber un tabou.
JMM: Et que pensez-vous des primes accordées à chaque agent détaché?
J.-L.C.: Marseille n’est pas le seul port à avoir perçu cette prime. Même s’il est vrai qu’elle est difficile à comprendre, elle a fait partie des négociations. Il fallait tourner la page, et si cela permet de retrouver la fiabilité, cette prime aura été utile.
JMM: Vous aviez réclamé l’instauration d’États généraux durant les grèves. Cette initiative est-elle maintenue?
J.-L.C.: Cette idée d’États généraux n’est pas nouvelle, c’est une référence à Napoléon III qui a décidé de déplacer le port de commerce du Vieux port vers le Nord. La même démarche de réflexion a eu lieu dans les années 1960 avec la création de Fos dix ans plus tard. Les conditions sont créées et il faut désormais sortir du contexte des conflits sociaux et que les habitants de notre hinterland réfléchissent à ce que l’on souhaite faire de ce port. Nos concitoyens se sont détournés de lui pensant qu’il s’agit d’une gangrène. Jacques Pfister a fixé un objectif à 5 ans de 5 millions de conteneurs et 3 millions de passagers. C’est avec des objectifs ambitieux qu’on parviendra à gagner. Nous sommes en train de travailler à cette manifestation et je fais en sorte qu’elle ait lieu cette année. L’idée étant que nos concitoyens décident de ce qu’ils veulent faire de leur port et créent un projet partagé sur une vision commune. Le port c’est l’histoire de tous et la base de notre économie.