Corse: l’été sera chaud

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La desserte Corse a-t-elle atteint un palier en 2010? Les trafics stagnent depuis un an après avoir doublé sur les 15 dernières années passant de 2 à plus de 4 millions de passagers transportés entre Marseille, Toulon, Nice et les ports de l’île de Beauté. Les compteurs de la statistique s’affolent parfois. « C’est à ne plus rien comprendre. Le port de Marseille et La Méridionale ont progressé de 10 % en mai alors que les trafics se sont écroulés dans les autres ports (− 27 % Toulon et − 17 % à Nice) », s’exclame Marc Reverchon, DG de la Méridionale (CMN). Même février, le mois le plus creux de l’année qui a vécu la plus importante grève de l’histoire de la SNCM, n’a pas renversé les chiffres. Pour ce mois, « le niveau des trafics est resté quasiment stable pour les passagers et a nettement progressé en ce qui concerne les marchandises transportées en roulier », note le bulletin de l’Observatoire régional des transports de la Corse. De quoi dérouter plus d’un observateur.

Aujourd’hui, à la veille des grands départs en vacances, le temps semble avoir suspendu son vol. C’est le calme plat. Avant la tempête? L’assemblée territoriale de Corse a renvoyé à plus tard les décisions que réclame l’urgence de « la dégradation de la continuité territoriale ». Même nouvelle étiquette (gauche), la collectivité corse hésite. Elle est divisée et le débat se prolonge. Les nationalistes corses prônent de nouveau la création d’une compagnie maritime régionale qui aspireraient l’enveloppe de continuité. Ce serait saborder les compagnies existantes. Une remise à zéro qui effacerait des milliers d’emplois.

Une nouvelle attente

La ligne de la majorité serait de mettre fin à l’aide sociale au passager, un système qui a fait le lit de Corsica Ferries. Il s’appuie sur un rapport parlementaire publié en mai 2010 par le sénateur Revet qui a mis en évidence « des distorsions de concurrence ». Ce rapport préconise également de donner du mou à la rédaction du cahier des charges de la DSP et d’allonger la concession au-delà de six ans. Dans tous les cas, les cartes de l’aide à la continuité (limite: 2013) vont sérieusement être rebattues. Menacée, Corsica Ferries est montée au front en dénonçant une collusion entre l’exécutif corse, la SNCM pilotée par Veolia et le laisser-faire de l’État au nom du « chantage social » exercée à Marseille.

Le grand débat de l’assemblée corse qui devait trancher le nœud au printemps a été reporté. Une nouvelle attente s’est engagée. Propice à multiplier les rumeurs et à tendre toutes les inquiétudes. Sans boussole, 2010 a vu se multiplier les grèves au sein des compagnies marseillaises. En février, la suppression d’un navire sur Nice à cause des restrictions du port a provoqué la plus longue grève, 47 jours, de l’histoire de la SNCM. La compagnie, qui a déjà terminé l’année précédente avec 20 M€ de pertes, a vu une nouvelle brèche s’ouvrir; la grève lui a coûté 13 M€.

La saison estivale sera décisive. La Méridionale ne disposera pas de son nouveau navire mixte, le Piana, freiné par les conflits sociaux du chantier croate de Brodosplit. Mais sa faible voilure (3 navires) et la capacité de manœuvre du staff Stef TFE devraient lui permettre de tirer son épingle du jeu. Il n’en est pas de même pour la SNCM (9 navires) dont l’actionnaire principal, Veolia, ne passe pas pour un groupe philanthropique. Enfin, Corsica Ferries (18 navires) ne semble plus avoir la même splendeur conquérante de ses débuts. Dans son ascension, la compagnie low cost donne des signes d’essoufflement. Quant à l’Italienne Moby Lines, elle s’est brutalement retirée après moins d’un an d’exploitation pourtant « satisfaisante » au départ de Toulon. Sans autre forme de procès.

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