Ferdinando Garrè est à mille lieues de l’archétype italien. À la fois calme, posé et discret, il est le petit-fils du fondateur des chantiers génois de réparation navale San Giorgo del Porto, créés en 1923. Son grand-père lui a tout appris. Le dialogue en particulier. C’est ce qui lui a permis de trouver un terrain d’entente avec la CGT marseillaise à son arrivée en juillet 2010, au moment même où Marseille était lestée par les grèves. « Nous avons beaucoup discuté avec notre personnel pour résoudre les problèmes et trouver des solutions. Nous avons de bonnes relations avec les syndicats et nous sommes encore là un an après », lance Ferdinando Garrè, président de Chantier naval de Marseille (CNM) et de San Giorgio Del Porto (SGDP). Il a confié la gestion courante de l’entreprise à son neveu, Pierenico Beraldo, tombé très jeune dans une forme de radoubs génoise.
Lors des cinq premiers mois d’activité, le groupe est parvenu à générer 6 M€ de chiffre d’affaires dans la réparation de huit navires dont 6 paquebots qui préparent leur toilette avant la haute saison. Pour faire venir les plus grands opérateurs mondiaux de la croisière, SGP a donné sa parole et mis en jeu sa réputation. Visiblement, dans le microcosme de la croisière, le bouche-à-oreille marche à merveille et CNM enchaîne les paquebots. « Depuis janvier, nous avons réparé une dizaine de navires dont le Seven-Seas-Mariner et le Louise-Majesty. Actuellement, l’activité est plutôt calme et nous souffrons de la concurrence des chantiers turcs mais nous avons de bonnes perspectives de septembre à décembre. Nous allons intervenir sur le système de propulsion azipods du Seven-Seas-Voyager, en arrêt technique pour trois semaines en septembre, et, en novembre, nous recevrons le Norwegian-Jade de NCL », poursuit Ferdinando Garrè. Des paquebots de plus en plus longs qui incitent le patron de CNM à s’intéresser de près à la forme 10, la plus grande forme de Méditerranée pour laquelle un appel à projets est sur le point d’être relancé, CMA CGM ayant jeté l’éponge. « Avec la forme 8, nous accueillons 90 % des navires en circulation; la forme 10 nous permettrait de recevoir les 10 % restants. Nous pourrions, avec une telle infrastructure, réparer les porte-conteneurs de dernière génération et des FPSO de plus de 320 m. Actuellement, ces unités vont à Palerme en Méditerranée », explique Ferdinando Garré, amodiataire de deux formes de radoubs pour une durée de 15 ans.
Depuis juillet 2010, le groupe SGP a investi 2 M€ dans la remise en état des locaux et dans l’acquisition de machines et la rénovation des réseaux. D’une quinzaine de salariés au démarrage, ils sont aujourd’hui une soixantaine et des recrutements sont en cours. « Nous recherchons des ingénieurs navals. L’idéal serait de fonctionner avec 80 à 90 personnes. Nous faisons appel à la sous-traitance lorsque nous n’avons pas les compétences en interne », explique Pierenico Beraldo qui avance un chiffre d’affaires de 15 M€ pour le premier exercice. La quatrième génération de réparateur génois risque fort de parler provençal!