« Avec la réforme , les règles du jeu ont changé, nous sommes entrés dans une nouvelle ère »

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Journal de la Marine Marchande (JMM): Après les mouvements sociaux des premiers mois de l’année, le Grand port maritime de Marseille enregistre-t-il une baisse importante de ses trafics?

Jean-Claude Terrier (J.-C.T.): Globalement, à fin avril, le Grand port maritime de Marseille affiche une baisse de 2 % à 29,21 Mt. Une tendance qui se remarque principalement sur les marchandises diverses. Avec 5 Mt sur les quatre premiers mois, ce courant affiche une baisse de 7 %. Il faut cependant relativiser cette tendance puisqu’elle se compare à un début d’année 2010 très dynamique. Sur le premier trimestre 2010, nous avons enregistré un trafic en progression de 19 % par rapport à 2009. Si nous avons subi une baisse sur les premiers mois de 2011, nous restons, sur les marchandises diverses, au-dessus de notre trafic de 2009.

En outre, il faut différencier les différentes composantes au sein de ce courant. Si les conteneurs sont en retrait de 10 % à 297 000 EVP sur les quatre premiers mois, nous remarquons que le mois d’avril repart puisque nous sommes en hausse de 6 %. Nous avons subi de plein fouet l’effet des mouvements sociaux, mais nous sommes maintenant dans une remontée. Le conventionnel est pour sa part étal avec 737 000 t. Quant au trafic roulant, le nombre de remorques a augmenté de 10 % à 635 000 unités grâce au retour à la normale du trafic tunisien et à l’augmentation des échanges sur la Corse.

L’autre secteur à avoir souffert au cours de ces premiers mois est à voir du côté des vracs solides. L’arrêt du second haut-fourneau d’Arcelor à fait dévisser ce courant de 29 % à 2,92 Mt. À l’inverse, les vracs agroalimentaires ont bien tenu avec une hausse de 36 % à 460 000 t, notamment sur les importations de sucre et les sorties de céréales.

JMM: Les vracs liquides ont permis de réduire ces différentes baisses?

J.-C.T.: Dans les vracs liquides nous notons des tendances variables. Si les hydrocarbures augmentent de 6 % à 20,16 Mt, les vracs chimiques et alimentaires régressent. Pour rester sur les hydrocarbures, qui représentent encore 70 % de nos trafics, les entrées de pétrole brut pour les raffineries hors de France affichent une augmentation de 29 % à 3,17 Mt alors que ce même produit pour les raffineries françaises perd 7 % à 9,7 Mt. Les produits raffinés augmentent de 8 % à 4 Mt. Ils sont composés d’exportation vers l’Italie, le Liban et Malte, entre autres. Enfin, le GNL augmente de 44 % à 2,47 Mt. Un effet des opérations à 100 % de Fos Cavaou.

JMM: Le trafic passagers vers la Corse et les pays du Maghreb ainsi que les croisiéristes représentent un élément important de votre activité. Comment ont évolué ces trafics?

J.-C.T.: Au global, sur les quatre premiers mois, les trafics passagers ont perdu 7 % à 331 000 passagers. Les croisiéristes augmentent quand les passagers vers la Corse ont été moins nombreux en raison des grèves de la SNCM. Les destinations Tunisie et Algérie sont boudées depuis les mouvements de ces derniers mois.

JMM: Une tendance de trafic en baisse mais principalement liée à la réforme portuaire engagée depuis juillet 2008. Les détachements de personnel ne se sont pas faits simultanément. Quel calendrier avez-vous suivi?

J.-C.T.: La réforme portuaire est entrée en vigueur le 3 mai sur l’ensemble du territoire français. À Marseille, nous l’appliquons en trois étapes. La première étape a été franchie le 3 mai sur les terminaux de Fos. Ce sont 160 personnes du port qui ont été détachées dans les différentes entreprises. La seconde étape s’est matérialisée par la mise en service de Fluxel, société en joint-venture entre le port et le groupe Total. Le premier conseil d’administration de cette nouvelle structure s’est tenu et elle est devenue opérationnelle avec 210 personnels. Enfin, le 1er juin, les terminaux de Mourepiane ont été concernés avec 40 personnes détachées vers leurs nouvelles structures. Globalement, nous n’avons pas eu de retours négatifs. Pour prendre l’exemple de Carfos, le terminal minéralier de Fos, nous notons un bon accueil de nos salariés. Cela se passe mieux que nous l’espérions.

Ces personnels détachés comprennent aussi les équipes de maintenance. Fluxel intègre sa propre équipe pour la maintenance. À Fos, celle-ci est intégrée chez deux manutentionnaires, et deux autres ont créé un GIE pour leurs besoins.

Au final, nous ne sommes plus opérateur de manutention mais nous nous sommes recentrés sur nos missions régaliennes. À Marseille, cette activité de manutention au port n’était pas bénéficiaire financièrement. Je ne pense pas que cela soit un mal d’avoir délégué cette tâche à des entreprises privées.

JMM: Vous le dites, désormais vous vous recentrez sur vos missions régaliennes telles que définies par la loi de juillet 2008 avec une nouvelle gouvernance. Avec le départ de ces personnels, pensez-vous qu’il faille mettre en place une nouvelle organisation au port?

J.-C.T.: Nous avons mis en place un nouvel organigramme depuis plusieurs mois. Certes, les personnels d’encadrement en charge de l’exploitation doivent trouver leur place. Parmi ces différentes personnes, neuf sont parties dans le cadre de mesures ou dans des entreprises. Quant aux autres, elles ont leur place dans cette nouvelle organisation. Notre rôle est d’être avant tout un aménageur. Nous devons valoriser le foncier. Notre rôle sera de faire la promotion de la place en étroite collaboration avec les autres partenaires portuaires. Nous avons pour cela une structure qui s’appelle Marseille-Europort qui regroupe la Chambre de commerce et l’UMF, les professionnels portuaires. Nous devons nous mettre d’accord sur le programme à établir, le budget et la cohérence de nos actions. L’élément le plus important pour notre port est de prouver, auprès des clients, la fiabilité sociale de notre établissement.

Nous entendons des inquiétudes sur la future gestion des ports. Nous sommes responsables de nos actions et nous ne voulons pas priver le port de nouveaux développements avec l’ensemble de nos partenaires.

Avec la réforme portuaire, les règles du jeu ont changé. Nous sommes entrés dans une nouvelle ère.

JMM: L’avenir du port passe aussi par des investissements importants sur les terminaux. Quel est le calendrier dans un avenir proche?

J.-C.T.: Nos projets sont nombreux et les concrétisations des investissements réalisés ces dernières années arrivent à terme. Sur le conteneur, Fos 2XL est opérationnel pour la fin de l’année 2011 avec deux terminaux. Sur Fos 4XL, nous avons retenu l’opérateur et nous sommes toujours en discussion avec lui. Sur Fos 3XL, l’appel d’offres a été infructueux. Nous devrons le lancer de nouveau mais lorsque nous en aurons besoin. Notre objectif est de prévoir des investissements selon les nécessités du trafic. Après la mise en exploitation de Fos 2XL, nous aurons une réserve de capacité. Nous n’aurons pas besoins d’investir tout de suite dans de nouvelles opérations. Toujours en lien avec cette activité conteneurisée, nous constatons un développement important sur la zone logistique de Distriport. Nous avons besoin de créer 100 ha supplémentaires. Nous regardons aussi les extensions possibles sur la zone de la Feuillane.

JMM: Le Grand port maritime prévoit aussi d’allouer des sommes aux opérations de vracs?

J.-C.T.: Les vracs ne sont pas délaissés. Nous investissons, dans les vracs liquides, sur le projet de Fos Faster dont les ferroviaire de proximité?

J.-C.T.: Nous regardons cette question avec attention. Nous espérons mener cette opération à terme avant la fin de l’année. Nos préoccupations actuelles portent principalement sur l’amélioration de la circulation des trains. Actuellement nous avons une voie à cantonnement téléphonique. En premier lieu, nous allons la moderniser. Nous étudions le doublement de cette voie. Nous sommes aussi concentrés sur le chantier de transport combiné à Mourepiane. La sortie du port par cette façade impose un certain nombre de points à régler. Au total, ces différents travaux méritent un investissement de 8 M€ sur la partie ouest du port et 24 M€ à l’est. Quant au chantier de transport combiné, la première tranche réclame un investissement de 60 M€.

JMM: Des projets dans les cartons, une réforme désormais derrière vous, comment imaginez-vous cette année 2011 se terminer?

J.-C.T.: La réforme est faite. La date du 15 avril avec la signature de la convention collective unique signée par l’ensemble des organisations syndicales et patronales a été une étape importante pour tous les ports de France. La règle du jeu est là et chacun doit travailler à l’appliquer. Nous sommes optimistes sur ces applications. Cette réforme est d’autant plus importante pour notre port que nous devrions voir les premiers trafics sur Fos 2XL. Quant au reste de l’année, nous avons prévu d’investir 80 M€, ce qui ne représente pas grand-chose compte tenu de nos précédentes enveloppes. Il reste néanmoins à prendre en compte les travaux importants que nous avons faits . Aujourd’hui, nous ne sommes plus sur une grosse opération mais sur plusieurs petites.

Enfin, pour les trafics, nous pensons que nous allons pouvoir rattraper et résorber le retard accumulé pendant le premier trimestre. Nous allons observer à quelle vitesse reviennent les armateurs. La commercialisation des ports est désormais sur une autre vision. Nous ne vendons plus de prestations portuaires mais des aménagements d’espace. Nous avons des partenaires sur Fos 2XL qui s’avèrent être des armateurs. Nous verrons à quel rythme les boîtes reprennent le cap de Marseille.

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