Garder le blé meunier pour l’export

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La campagne qui se termine pourrait, à la fin juin, battre le précédent record de 2002-2003. Michel Grenot, Vincent Poudevigne et Jacques Martin ont surtout plaidé pour le maintien des trafics à l’export et rejeté l’idée d’un repli sur le marché national pour soutenir les éleveurs frappés par la sécheresse. Sur le dernier exercice, les volumes, notamment de blés, ont été au rendez-vous, tout comme les débouchés. Ceux-ci se sont faits sur les marchés traditionnels, mais aussi sur des pays moins présents dans les destinations habituelles comme l’Algérie, l’Égypte, le Yémen, la Syrie, l’Arabie Saoudite ou la Libye. L’embargo sur les exportations qu’a décidé l’été dernier le président russe Dimitri Medvedev pour faire face à la sécheresse et aux incendies dans son pays a beaucoup joué en ce sens. Tout comme la moindre présence à l’export de l’Ukraine et de l’Allemagne. « L’Égypte, par exemple, a redécouvert la qualité meunière des blés français », assure Vincent Poudevigne. « Cela nous a permis de diversifier nos destinations depuis La Pallice », ajoute Jacques Martin. « Nous avons approché ces destinations, nous les avons markettées. »

Il ne faudrait pas consacrer le blé à l’alimentation animale

Seule ombre au tableau pour les exportateurs que sont la Sica Atlantique et le groupe Soufflet, « certains parlent maintenant de freiner les exportations françaises pour réserver nos céréales à l’alimentation du bétail ». C’est-à-dire de pratiquer une politique similaire à celle de la Russie l’été dernier. Sauf que la stratégie russe a selon eux été une erreur, puisqu’elle a justement permis à des pays tiers, comme la France, d’intervenir sur ses marchés traditionnels. Et ces marchés gagnés l’an passé, il ne faudrait surtout pas les perdre maintenant. « Nous ne pouvons pas nous permettre de faire comme la Russie et d’être absents sur ces marchés pour des raisons politiques ou protectionnistes », plaide Jacques Martin. « C’est plus important d’exporter les blés de qualité que de les garder pour l’alimentation animale », renchérit Michel Grenot. « Mieux vaut conserver le trafic à l’export et donner des blés fourragers au bétail. » Blés fourragers qu’il s’agirait d’aller chercher ailleurs et, pourquoi pas, en Ukraine, principal exportateur de blés fourragers au monde. La décision de Bruxelles de supprimer les droits d’importation facilitera cet approvisionnement.

De plus, contrairement à ce qu’on pourrait imaginer, les révolutions dans les pays arabes n’ont en rien arrêté les importations de céréales. Elles ont au contraire renforcé le souci de leurs gouvernants de se fournir en blés de qualité. En effet, il s’agit pour eux d’assurer l’alimentation de leurs concitoyens pour éviter que les mouvements de protestation ne s’amplifient et ne se généralisent à une population affamée.

Les handicaps des blés russes

Si les blés russes sont de bonne qualité, ils pâtissent de quelques handicaps pour l’exportation. D’une part, les exportateurs ont parfois des difficultés à exécuter de grandes quantités, et par conséquent de les livrer en temps et en heure. Autre phénomène lié au contexte de l’an passé, des blés n’ont pas été livrés. L’Égypte a ainsi acheté du blé à la Russie avant l’embargo décidé par Dimitri Medvedev et elle ne l’a jamais reçu. Elle a donc dû en racheter, mais à un prix plus élevé. Aujourd’hui, elle considère que la Russie n’est pas fiable comme fournisseur et a décidé de se passer de ses services.

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