Dès le 10 juin, l’activité manutentionnaire a repris sur les quais du GPMB. La signature de cette convention concernant le transfert de salariés à BAT, dans le cadre de la réforme portuaire, a clôturé plusieurs semaines de négociations et de compromis entre chacune des parties. Outre les différentes grèves des syndicalistes CGT durant ce premier semestre, s’est ajoutée une semaine, du 1er au 7 juin, d’inactivité manutentionnée (lire encadré) suite à la décision du port de stopper les négociations.
Plusieurs points de désaccords étaient apparus au cours des rencontres. L’un d’eux, côté salariés, a porté sur les conditions de travail et plus précisément le décompte du temps de travail. Parallèlement, les syndicalistes CGT ont réclamé une garantie de prolongation d’un régime de Sécurité sociale, existant depuis les années 1930, spécifique à Bordeaux et concernant près de 3 000 salariés et ayants droit. Le ministère s’était engagé à prolonger ce régime spécial jusqu’à fin 2012, mais BAT, craignant un autre conflit social à cette date et le sur coût d’indemnités – près de 150 000 € par an – a souhaité un engagement plus fort de l’État. Enfin, la question de l’état de l’outillage transféré, notamment suite à une avarie intervenue au mois d’avril sur l’un des portiques du Verdon, a également fait l’objet de tractations de dernières minutes.
Se rejetant mutuellement la faute sur des documents non fournis ou des engagements non écrits, les trois parties en jeu ont fini cependant par trouver des compromis lors de dernières discussions organisées au niveau parisien. Le GPMB s’est ainsi engagé à prendre en charge la réparation du portique du Verdon à hauteur de plus de 300 000 € ainsi que les frais de transport d’une grue mobile sur ce terminal. De plus, dans le cas où le régime de sécurité sociale ne serait pas prolongé, le port compenserait vis-à-vis de BAT le surcoût pour les 47 salariés transférés. Tous souhaitent désormais un retour vers un climat social serein après un conflit qui a perturbé le trafic et l’image du port.
Une semaine « surréaliste »
Une situation des plus paradoxales a marqué la période du 1er au 6 juin sur les quais bordelais. Les terminaux portuaires étaient désertés. Non point en raison d’une grève du personnel manutentionnaire, mais, cette fois, par décision de la direction du GPMB de ne plus prolonger le délai des négociations. Résultat: les grutiers, toujours salariés du port de Bordeaux, n’ont pas pu utiliser l’outillage, propriété depuis avril de la société Bordeaux Atlantique Terminal. La direction du GPMB, qui avait déjà repoussé le délai des négociations à trois reprises, a ainsi voulu « poser des limites et mettre les partenaires face à leurs responsabilités », avançant également l’argument d’absence de fondement juridique à ces prolongations. Une décision très mal acceptée par la communauté portuaire qui, le 6 juin, a lancé un « cri d’alarme » pour réclamer la nomination d’un médiateur et dénoncer cette situation « délirante » et « désastreuse » pour l’activité de leurs entreprises. Durant cette semaine, CMA CGM notamment a dû annuler une escale et trois navires transportant du bois ont connu des perturbations.