La politique du poisson rouge

Comment un poisson rouge survit-il si longtemps dans un bocal à tourner en rond? À chaque tour, il redécouvre son univers et s’en émerveille, estiment certains. La politique maritime est à l’image de ce poisson. Chaque nouvel événement semble gommer les réflexions entreprises quelques années plus tôt sur le sujet. Prenons l’exemple de la piraterie au large de la corne d’Afrique. Qui se souvient des causes de la baisse de la piraterie dans le détroit de Malacca? Si l’intervention de forces navales a joué un rôle, c’est principalement par une action à terre que ce phénomène s’est réduit. Aujourd’hui, les politiques renforcent les forces navales et zappent les questions de la souveraineté somalienne. Il faut que le gouvernement somalien reprenne le pouvoir sur sa zone de pêche et ses eaux territoriales. La pollution maritime est à ranger dans le même ordre d’idées. Combien de fois les responsables ont dénoncé les causes telluriques de la pollution maritime. Les gouvernements veulent agir contre les pollutions des navires, plus médiatiques. Et ces sinistres maritimes sont bien souvent d’origine humaine; parce qu’à terre, des armateurs peu scrupuleux gèrent les métiers maritimes sans les connaître. Un autre exemple plus récent vise l’annexe VI de Marpol. Il faut être un politique peu aguerri des questions maritimes pour demander aux navires de réduire leurs émissions, quitte à transférer de la mer vers la route des trafics. Combien de tours notre poisson rouge devra-t-il faire avant de voir les choses progresser? À l’heure des premiers débats sur l’élection présidentielle, le bilan de l’actuel locataire de l’Élysée pourrait s’avérer un peu maigre, mais pas anorexique, et les promesses de l’opposition alléchantes, mais avec un risque: celui de voir un autre poisson rouge se remettre à tourner…