Nouvelle gouvernance, nouvelles relations entre les organisations patronales et avec les organisations syndicales, la réforme portuaire est en marche. L’occasion pour les deux organisations patronales, l’Unim et l’UPF, de faire le point sur les prochaines étapes. « La réforme est entrée en vigueur. Les négociations sont presque terminées, sauf dans le port de Bordeaux. Elles devraient être définitivement bouclées à la fin du mois », a commencé le président de l’UPF, François Soulet de Brugières. Et les deux présidents des organisations patronales ont souligné l’entrée dans la phase du renouveau des ports et la nécessité de regagner des parts de marché. « Nous étions au fond. Nous devons maintenant retrouver la confiance de nos clients », a indiqué Christian Paschetta, président de l’Unim. Le retour des clients dans les ports français passe par une confiance à retrouver. « Il demeure une réminiscence dans la méfiance de nos clients », a continué le président de l’UPF. Le gain de ces nouvelles parts de marché face aux ports concurrents d’Europe passe avant tout par un constat de la situation actuelle. « Nous estimons à environ 50 % le pourcentage des conteneurs français passant par des ports étrangers. Quant aux vracs, nous avons un rôle à jouer en Europe », a déclaré François Soulet de Brugières. Dans ce contexte, l’Académie de marine a demandé la mise en place d’un observatoire des ports qui identifie la place des ports français face à la concurrence. Pratiquement, le gage de la réussite de cette réforme sera d’avoir développé le trafic dans les ports, ont souligné ensemble les différentes organisations patronales. Une opinion partagée par les syndicats qui attendent désormais des autorités portuaires un développement par des investissements de l’État.
Créer une véritable coordination patronale
La réforme positionne les ports français dans un nouvel environnement. Ports et manutentionnaires vont devoir apprendre à travailler ensemble pour faire vivre la nouvelle convention collective unifiée. « Il faut prendre en compte notre nouveau partenaire qu’est l’UPF, a souligné Christian Paschetta. Nous pouvons avoir des contradictions, mais notre travail dans les prochaines semaines sera de créer une véritable coordination patronale. » Au-delà de ces questions d’unité patronale, les principales interrogations se posent aujourd’hui sur les prix de la manutention. Cette réforme permettra-t-elle une baisse des prix de manutention dans les ports français? La réponse n’est pas catégorique de la part des patrons des manutentionnaires. Un élément essentiel de la réforme de la manutention a été de créer, pour ces entreprises, de nouvelles charges fixes en reprenant les outillages des ports et les personnels détachés. « Le prix de vente dépend essentiellement du prix de revient impacté par les coûts et la productivité. Nous devons dégager des résultats pour motiver nos actionnaires. Les prix de manutention dépendront surtout du volume qui nous permettra une meilleure productivité. »
Les deux organisations patronales vont aussi devoir gérer leurs relations internes. Deux schémas se dessinent, selon Christian Paschetta. Soit les ports tirent leurs ressources des terrains et des quais avec une attitude conservatrice et donc une augmentation des coûts du foncier, soit ils adoptent une « relation raisonnée » qui permette de disposer d’un niveau de prix plus compétitif pour le foncier et la manutention. « Je préfère la seconde option », a souligné le président de l’Unim. Une position que le président de l’UPF appuie: « Je serais surpris de constater une hausse des prix de la manutention et du foncier dans les ports avec cette réforme. Nous voulons avant tout vendre une image rénovée pour que les ports retrouvent leurs lustres d’antan. »
Après les Grands ports maritimes, la convention collective s’applique aussi dans les ports concédés aux sociétés de manutention. « Il faut maintenant analyser les conséquences de cette nouvelle convention collective unifiée alors qu’ils n’ont pas été associés. Nous devons trouver un équilibre entre concessionnaire et concédant pour que ce texte n’ait pas d’effets négatifs », a rassuré Xavier Galbrun, délégué général de l’Unim. Quant aux ports d’outre-mer, ceux de la Guadeloupe, de la Martinique, de La Réunion et de la Guyane, les deux organisations patronales s’accordent pour trouver des solutions adaptées aux conditions locales. Enfin, l’Unim et l’UPF, toutes les deux, refusent une extension de la convention collective aux ports fluviaux, comme le revendiquent les syndicats. « Ni l’Unim ni l’UPF ne sont représentatifs d’activités fluviales et nous ne pouvons étendre le spectre de cette convention collective à ces ports », a rappelé Geoffroy Caude, délégué général de l’UPF.