Dans le domaine du transport ferroviaire, les choses évoluent lentement. Fin 2009, le Grand port maritime de Rouen et le Grand port maritime du Havre ont signé avec Réseau ferré de France un protocole d’accord visant à « coordonner leurs actions en faveur du développement ferroviaire et les rendre plus efficaces ». Les actions listées à ce protocole visent à « garantir la qualité des sillons desservant les ports hauts normands, moderniser à court terme le réseau orienté fret desservant Rouen et Le Havre, préparer les aménagements ultérieurs du réseau orienté fret, connecter les deux ports au réseau transeuropéen de transport, améliorer les infrastructures ferroviaires portuaires, mettre en œuvre des opérateurs ferroviaires portuaires et partager les bonnes pratiques pour la maintenance et la gestion des réseaux ferroviaires fret ». À l’occasion de la signature de ce protocole, Philippe Deiss, président du directoire du GPMR, a souligné: « Nous devons travailler à l’adaptation du réseau ferroviaire portuaire de Rouen, riche de 120 km et pour lequel nous avons inscrit 15 M€ de travaux, à la fois pour améliorer le service aux entreprises ferroviaires dans leurs dessertes et pour insérer correctement le réseau ferré dans les évolutions attendues sur Rouen dans la perspective de la ligne à grande vitesse Paris Normandie. » Des travaux ont déjà été réalisés avec l’appui des collectivités pour la mise en site propre d’une partie du réseau ferré portuaire.
Fluvial: la croissance soutenue par les déchargements
L’an passé, la part du fret ferroviaire dans le trafic portuaire s’est un peu effritée et représente environ 3,5 % des tonnages. Mais les céréales pèsent beaucoup plus avec 10 % des tonnages transités à Rouen, soit environ 800 000 t. Concernant la mise en place d’un « opérateur ferroviaire de proximité », Philippe Deiss confirme que le port « a cette ambition », mais il faut trouver la bonne solution.
Dans le domaine fluvial, Rouen développe très régulièrement son potentiel. D’après les résultats statistiques publiés par Voies navigables de France (VNF), le tonnage traité dans la circonscription du Grand port maritime de Rouen a progressé tant en 2009 (12 %) qu’en 2010 (5,4 %). En deux ans, le volume global est passé de 4,4 Mt à 5,3 Mt. Sous l’influence de la croissance des trafics de céréales, ce sont les déchargements (entrées) qui ont soutenu la croissance: ces derniers se sont accrus de plus d’un tiers. Du reste, ce mouvement de progression des livraisons de céréales par voie d’eau a conduit les silos rouennais à s’équiper ou à moderniser leurs installations fluviales de réception. C’est ainsi qu’un nouveau poste a été réalisé au silo Soufflet, apte à recevoir des unités jusqu’à 1 850 t. « L’investissement réalisé atteint environ 4,5 M€ », souligne Régis de Braquilanges, directeur de la Socomac (groupe Soufflet).
En matière de trafic conteneurisé, Rouen maintien sa position avec un trafic fluvial de 65 800 EVP « fluviaux » l’an dernier, un chiffre en baisse de 1,2 %, une contraction qui trouve son origine principalement dans les mouvements sociaux qui ont affecté les ports.
Concernant la mise en place du canal Seine-Nord Europe, s’il est une entreprise rouennaise qui n’a pas attendu pour s’y investir, c’est bien le groupe agro-industriel Senalia. « Nous allons fédérer toutes les grandes coopératives, les betteraviers, les coopératives d’engrais, les carriers, les acteurs des marchés du sel de déneigement, etc., pour créer d’ici fin juin les entités de gestion de la future plate-forme de Languevoisin, explique André Laude, directeur général de Senalia. Il s’agit de mettre en place un interlocuteur unique pour une vingtaine de partenaires. » L’objectif de la mise en place de cette future plate-forme est de permettre une massification des flux de marchandises en vrac. Une noria de barges ou automoteurs devrait relier en aller/retour permanent Rouen et Languevoisin: « Il s’agit de tirer les céréales vers Rouen, mais aussi de remonter vers Languevoisin toute une gamme de produits: engrais, sel de déneigement, granulats, etc. » Avec cette plate-forme, Senalia et ses partenaires espèrent élargir l’arrière-pays de Rouen vers l’Est. Une rencontre devait intervenir très prochainement entre les responsables de Senalia et la mission de développement du canal Seine Nord Europe pour mieux définir ce que pourrait être cette implantation.