Difficile de croire que nous vivons dans un monde sensé. J’ai beau feuilleter les pages des différents rapports trimestriels des armateurs de vracs secs, nulle part n’apparaît une réflexion à long terme. J’ai bien compris que l’intérêt des actionnaires passe avant toute chose, mais de là à croire qu’il faut laisser le marché se comporter comme un enfant dans une cour de maternelle, le fossé est compliqué à franchir. Et pourtant, nous constatons que chacun reconnaît que les temps actuels sont difficiles. L’année 2011 s’affiche comme un sommet pour les livraisons de vraquiers. Les soulèvements sociaux des pays d’Afrique du Nord et du Moyen-Orient affolent les marchés des matières premières. La Chine joue à cache-cache avec son inflation. Pour citer le directeur du développement d’Excel Maritime Carriers, « tout cela n’a fait que créer de nouvelles incertitudes pour l’avenir ». Sur ce constat, rien à redire sauf que le même directeur n’hésite pas, quelques lignes plus loin, à annoncer de nouvelles commandes pour 2013. Alors, comme des enfants pris le doigt dans le pot de confiture, les dirigeants des armateurs de vracs secs renvoient la faute sur leur prochain. « Tout vient du groupe minier brésilien Vale de vouloir faire construire des VLOC (very large ore carrier) qui viendront définitivement achever le marché des capesizes. » À jouer les enfants, ils vont finir par se faire punir comme ils le méritent. Avant la maturité, l’enfant passe souvent par une période d’adolescence fougueuse. Le chemin est encore long avant d’atteindre la raison.
Édito
Immaturité
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