Hors coûts directs et indirects générés par la destruction partielle de la centrale nucléaire de Fukushima, les conséquences du tremblement de terre et du tsunami qui ont ravagé la côte Nord-Est de la principale île du Japon devraient représenter un montant de l’ordre de 300 Md$, soit 4 % à 5 % du PIB japonais, a expliqué Jacques Gravereau, directeur de HEC Eurasia Institute, ajoutant que ce montant sera dépensé sur plusieurs années. Même si l’économie japonaise a « disparu des radars » depuis les années 1990, le PIB s’élève à près de 5 400 Md$. Ce qui laisse une certaine marge. S’exprimant pour être compris, Jacques Gravereau a rappelé que le « sauvetage » du système financier mondial a représenté 27 % du PIB des États-Unis et autant pour l’Europe. Le « sauvetage » de l’assureur américain AIG a coûté 182 Md$ aux contribuables américains.
L’impact sur la croissance mondiale sur le moyen et long terme de cette double catastrophe sera faible, voir inexistant.
Mais à court terme, « outre » les 27 000 morts et disparus et les 300 000 réfugiés dont la moitié est sans logement (sur un total de 125 millions d’habitants), le gouvernement japonais et les entreprises japonaises et étrangères doivent faire face à plusieurs difficultés graves: le Nord-Est produisait beaucoup de fruits et légumes. C’est terminé. De nombreuses PME hyperspécialisées fabriquaient des pièces critiques pour l’automobile et l’informatique. C’est également fini. D’ailleurs, Toyota a réduit de 60 % sa production japonaise.
Plus généralement, même si elles sont maintenant bien programmées, les coupures d’électricité continuent car la production de 11 centrales sur un total de 55 est perturbée. Répondant à une question sur une possible délocalisation d’unités de fabrication en Chine, Jacques Gravereau a été très net: depuis 20 ans, les entreprises japonaises ont délocalisé le textile ou le montage des voitures, par exemple, jamais les technologies considérées comme stratégiques. La conception et la fabrication des cœurs des circuits électroniques resteront au Japon. D’autant plus facilement que le droit chinois de la protection intellectuelle est très perfectible.
Sortir du nucléaire pour aller vers quoi?
Concernant le grave accident de la centrale nucléaire de Fukushima, Jacques Gravereau a été direct: gouvernance « minable » de Tepco, l’opérateur, et « confusion du lobby nucléaire » japonais. Cet accident va être à l’origine d’une quinzaine d’années de doute sur l’opportunité de la relance du nucléaire dans le monde. Si le discours sur la nécessité de sortir du nucléaire s’est très vite fait entendre, par exemple en Allemagne, pas un mot n’a été prononcé sur les moyens d’y parvenir, a constaté le directeur de HEC Eurasia. Si tout le programme nucléaire chinois est mené à son terme, cela ne représentera que 4,5 % des besoins du pays. L’essentiel se fera donc grâce au charbon. Quelles en seront les conséquences? Un nouveau sujet pour l’année prochaine?