Rien n’est jamais simple à Marseille-Fos. Les agents portuaires rejoindront les entreprises de manutention en ordre dispersé. Le décrochage du GPMM de quelque 450 portiqueurs et personnels de maintenance, soit un tiers des effectifs de l’établissement (1 450), s’étalera en trois étapes en mai. Trois temps qui traduisent le degré de crispation sociale contre la réforme portuaire.
Le transfert sur le terminal conteneurs de Fos s’est déroulé à l’heure. Le 3 mai, les 160 portiqueurs et personnels de maintenance ont basculé chez les manutentionnaires du site: Eurofos (à 51 % filiale de Port Synergy) et Seayard (indépendant, même si MSC détient 49 % des parts). Ils ont signé les conventions sans état d’âme. La perspective ouverte par Fos 2XL a constitué un élément réconfortant pour faire passer la pilule. Non loin de là, le terminal vracs solides a connu un élan identique avec la vingtaine d’agents qui a rejoint Carfos, filiale de SeaInvest.
Le secteur pétrole s’est toujours montré turbulent. Bien que la société Fluxel, qui gérera désormais les installations entre Fos et Lavéra, soit détenue à 66 % par le GPMM au nom de « l’intérêt stratégique », les 220 salariés qui vont rejoindre la nouvelle structure attendront le 16 mai.
Le terminal conteneurs de Marseille-Mourepiane, devenu Med Europe, a longtemps combattu le principe de la réforme. Bastion des cégétistes « durs », il a finalement connu un arrangement à la marseillaise avec la création d’une nouvelle entité de manutention, Intramar STS, filiale d’Intramar (même actionnaires qu’Eurofos) et du GPMM qui détient 34 %; autant pour consolider l’entreprise chancelante que pour rassurer les agents. Ce montage s’est concrétisé le 14 avril. C’est pourquoi les 36 portiqueurs de Marseille et les 10 agents chargés de la maintenance ne gagneront leur nouvelle entreprise que le 1er juin.
Chacun de ces transferts s’accompagnera d’une prime de détachement de 10 000 € versée en parts égales sur quatre ans. Un laps de temps qui devrait permettre de pérenniser la nouvelle organisation et d’enregistrer les premiers effets bénéfiques sur l’activité portuaire, espèrent les responsables portuaires. À ceux qui grincent des dents en se remémorant les longs et difficiles conflits qui ont paralysé l’activité des dernières années, on explique que les agents du port du Havre ont été plus gourmands avec une prime de 15 000 €.