Cherbourg intéresse-t-il encore quelqu’un?

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Le tableau n’est pas brillant, même si, à plusieurs reprises, une lueur d’espoir a brillé au bout de la Grande rade napoléonienne. Notamment au lendemain de la création de la SAS-Port de Cherbourg, société de gestion du port née il y a quatre ans d’un partenariat entre la CCI et l’armateur LDA. Le grand projet sur lequel est née cette union était de faire de Cherbourg un port d’éclatement pour des trafics de vrac mais aussi, pourquoi pas, pour des conteneurs. On a évoqué aussi et surtout la création d’un terminal charbonnier en utilisant notamment une grue offshore. Quatre ans après le dévoilement de ce projet, la grue – aujourd’hui encore amarrée le long du quai des Flamands – n’a pas donné un seul coup de pelle. Mort-né, le terminal charbonnier pour lequel ont été investis 5 M€ et dépensés au moins 1,6 M€ pour louer grue et barges, est désormais quasiment enterré. Les deux partenaires devraient jeter l’éponge dans le courant du mois de mai. Ils ne veulent plus financer à perte un terminal vide.

Quant aux autres trafics, les chargements se comptent sur les doigts d’une main. Quelques dizaines de milliers de tonnes de ferrailles, 20 000 t de charbon obtenues grâce à un mouvement de grève sur le port du Havre, le déchargement non prévu de véhicules neufs… C’est à peu près tout. Seul le trafic d’éoliennes a connu une relative régularité, tout comme les transports liés à l’activité nucléaire du Cotentin. Un ou deux par an, pas plus.

L’avenir ne s’annonce pas beaucoup plus reluisant, même si l’idée du port d’éclatement continue de faire son chemin. On parle encore d’éoliennes, offshore cette fois, et même pourquoi pas de bois, grâce à l’usine Areva-La Hague qui pourrait, dès 2014, en consommer plusieurs milliers de tonnes par an pour se chauffer!

S’agissant du trafic transmanche et de son évolution entre 2005 et 2010, là encore, pas de quoi se vanter. En 2005, le port de Cherbourg a enregistré 806 665 passagers. Ils ne sont plus que 559 244 en 2010. La chute a été régulière d’année en année malgré les nouvelles stratégies et les tâtonnements du principal opérateur, Brittany Ferries.

Seule bonne nouvelle, les résultats des liaisons avec l’Irlande. Cette année, pour la première fois et sur une période précise, la destination irlandaise a dépassé l’anglaise en pleine perte de vitesse.

Le constat est aussi morose pour les véhicules utilitaires qui sont passés de 103 083 en 2005 à 55 622 en 2010, et ce, malgré l’arrivée d’un nouveau navire, le Cotentin, de la compagnie Brittany Ferries.

Dans la foulée, le fret est passé de 3 145 935 t en 2005 à 1 854 240 t en 2010.

On le voit, dans tous les domaines, c’est l’effondrement qui domine. Qu’on le veuille ou non, l’optimisme régulièrement affiché de la CCI de Cherbourg ne porte pas beaucoup ses fruits. À tel point que nombreux sont ceux qui se demandent aujourd’hui si Cherbourg intéresse encore quelqu’un.

Fast-Ship: le rêve enterré de Cherbourg

Avant le fiasco du terminal charbonnier il y a eu celui de Fast-Ship. Le projet, américain à l’origine, consistait à relier Cherbourg au port nord-américain de Philadelphie à l’aide de navires fret ultra-rapides. Ces derniers, de type catamaran, devaient être propulsés par des turbines dont la puissance était comparable à celle que l’on trouve sur des Boeing 747 et devaient leur permettre d’évoluer à 40 nœuds. Ils auraient transporté des denrées périssables comme des fleurs ou encore des pièces détachées pour l’industrie automobile. Reçu en grande pompe à la CCI de Cherbourg, le porteur de projet prévoyait alors un développement rapide.

Après de multiples annonces, déclarations et études en tous genres financées par les Français, le dossier a finalement été définitivement enterré au bout d’une dizaine d’années de discussions et de projections. Les investisseurs voulaient obtenir la garantie financière de l’État fédéral américain, garantie qui n’est jamais venue.

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