Il y a 64 ans… dans le Journal de la Marine Marchande

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En septembre 1947, le gouvernement de la IVe République promulgue un texte de loi sur l’organisation du travail dans les ports maritimes. Une loi qui va aller loin puisqu’il faudra attendre 1992, dans un premier temps, et 2008 dans un second, pour que les modalités de ce texte soient définitivement rangées dans les travées des musées. À cette époque, il semble que la portée de cette loi n’a pas été remarquée. Seules quatre lignes dans la rubrique « publication du gouvernement » font état de la promulgation de la loi. Au cours de ce second semestre de l’année 1947, les questions de mouvements sociaux touchent autant la marine marchande que les ports. Au cours de ce second semestre, les grèves paralysent bon nombre de secteurs d’activités industriels en France et notamment les services maritimes et les ports. Au final, en novembre et décembre, ce sera un mois de grèves et de mouvements divers qui toucheront l’économie maritime et portuaire française. Le Journal de la Marine Marchande se fera l’écho des différentes thèses défendues au cours de ces mouvements pour appeler à la raison des ouvriers portuaires et maritimes. Ces différentes thèses seront conclues par un article du directeur de la rédaction du Journal, René Moreux, appelant à « un syndicalisme constructif ». Il s’indigne des conditions de vie pendant ces jours de troubles, dont bon nombre d’observateurs de l’époque s’attachent à souligner le lien serré entre la CGT et le parti communiste pour une « ambiance révolutionnaire ». Et René Moreux de souligner que « les marins ont été insensibles aux souffrances des passagers parqués dans les hôtels rapidement trop petits », « les dockers qui réclament, à juste raison d’ailleurs, un ravitaillement meilleur, ont causé un désordre indescriptible dans les ports. Les mineurs se moquaient éperdument des gens des villes qui n’ont rien à mettre dans leurs poêles. Cependant, des cheminots assassins déboulonnaient les rails ». Il en appelle à plus de raison. « Le syndicat actuel (en 1947, n.d.l.r.) n’est que revendicatif. Nous le voulions constructif. On s’évertue à partager la pénurie, l’indigence, la gêne, le dénuement et la misère. C’est l’abondance, la richesse, l’opulence qu’il faut distribuer. » À cette période de crise viendront rapidement s’accoler les Trente Glorieuses avec le développement économique. L’abondance, la richesse et l’opulence ont-elles pu enfin être distribuées? Si l’histoire ne s’est pas toujours vérifiée, la conclusion de René Moreux sur le syndicalisme de l’époque mérite de s’y attarder et d’y réfléchir: « Il n’y a pas de bon bout quand on est sur un navire. On aborde ensemble au port ou on périt ensemble. » Espérons qu’avec la réforme portuaire, la mise à quai du navire de la réforme de 2008 se fera sans dommages.

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