Ce petit pays compte près d’une centaine de compagnies qui s’occupent du transport des fruits et légumes. La majorité d’entre elles sont des coopératives, des « groupes d’exportation de primeurs » détenus à 50 % par les représentants des producteurs agricoles et à 50 % par le ministère de l’Agriculture israélien.
Le plus célèbre, Carmel-Agrexco, existe depuis 1956 et prend en charge à lui seul 65 % des exportations de la production agricole israélienne. Ce groupe appartient à 50 % aux huit représentants d’environ 12 000 exploitants agricoles dont la plupart se trouvent en Israël, mais aussi à Gaza, dans les territoires palestiniens et les colonies juives de Cisjordanie. Ainsi, les marques de fruits, légumes, fleurs et plantes Carmel, Carmel Bio-Top, Ecofresh, Jaffa, Star Ruby, Jordan River et Coral sont transportées par le groupe Carmel-Agrexco.
Les compagnies de transport supervisent toute la chaîne
Les produits agricoles exportés sont en général emballés chez l’exploitant, sous la supervision de la compagnie qui prend en charge le transport des marchandises. Israël étant enclavé entre la mer et des pays frontaliers parfois hostiles, l’ensemble des exportations se fait par voie maritime ou aérienne. On compte pourtant une exception, les pommes du Golan, qui sont envoyées vers la Syrie par la route, sous escorte de la Croix rouge internationale, en camion, par des voies démilitarisées pour l’occasion, chaque année depuis 2005. Les marchandises destinées à l’export sont transportées dans des camions réfrigérés, jusqu’au port d’Ashdod et de Haïfa, sur la côte méditerranéenne, ou à l’aéroport international de Tel-Aviv. Tous les ports et aéroports israéliens sont équipés de terminaux de fruits et légumes réfrigérés.
La majorité des produits Carmel-Agrexco quitte Israël du port d’Ashdod, et pour toutes les destinations européennes, la compagnie débarque l’ensemble de ses marchandises dans deux ports, en Italie à Vado Ligure et en France, à Sète, après avoir travaillé pendant plus de douze ans à Marseille.
Alon Hagay, député directeur de la logistique de Carmel-Agrexco, explique ce nouveau choix. « Nous utilisons le port de Sète depuis début 2011, bien qu’il ne soit pas encore prêt à recevoir de grosses quantités de marchandises; parce qu’il était devenu impossible de continuer de travailler à Marseille, le personnel du port étant sans cesse en grève et les syndicats de dockers nous empêchant de travailler correctement. »
La société Carmel-Agrexco prépare en effet la mise en service, pour le mois de mai 2011, d’un immense terminal de fruits et légumes d’une surface de 25 000 m2 au port de Sète. « En attendant, à Sète, nous stockons les marchandises de nos cargos réfrigérés dans des containers situés en dehors du port, et la majorité des arrivages est concentrée sur l’Italie. »
Il ajoute: « La réussite du groupe tient à l’implantation d’équipes qui prennent le relais sur la route, une fois que nos produits quittent nos bateaux. À chaque port où débarquent nos navires, une équipe Agrexco commande des camions appartenant à des sociétés de transport locales, et suit l’acheminement du produit jusqu’à sa destination finale. »
Dans les pays occidentaux, Carmel-Agrexco dispose d’un réseau de représentations à Londres, Francfort, Paris, Rotterdam, New York, Zurich, Vienne, Madrid et Milan.
Alon Hagai affirme que Carmel-Agrexco sert aussi de pont communiquant entre le producteur et l’acheteur. « L’agriculteur reçoit sans cesse le feedback du client même s’il se trouve à l’autre bout du monde. C’est finalement Carmel-Agrexco qui explique au producteur ce qu’il doit planter. » C’est d’ailleurs pour répondre à la demande européenne que, ces dernières années, les producteurs israéliens ont plus que doublé leur production de fruits et légumes bio. Carmel-Agrexco a exporté en 2010 pas moins de 550 M€ de fruits et légumes vers l’Europe.