La surcapacité n’est pas un mal actuel. Elle existe depuis de nombreuses années et se dissimule derrière les périodes de croissance économiques. Aujourd’hui, Armateurs de France s’inquiète de la fragilité de la reprise économique et du nombre important de commandes de navires dans tous les secteurs de la marine marchande.
Dans son édition du 4 juillet 1935, le Journal de la Marine Marchande revient sur « la crise de la marine marchande et le problème de la limitation du tonnage au VIIIe Congrès de la Chambre de commerce internationale ». Lors de ce congrès, Lord Essendon a donné un résumé de son dernier rapport. « Dans ce document, indique le Journal de la Marine Marchande, le grand armateur britannique, après avoir indiqué les répercussions de la crise sur l’armement international, résume le plan préparé par la réunion préliminaire de la Conférence internationale des Armateurs pour désarmer ou démolir le tonnage, qui, de façon temporaire ou permanente, excède les besoins de transport, et déclare que ce résultat doit, autant que possible, être atteint par des accords entre armateurs. » Ce rapport de l’armateur britannique prévoit de donner à la Conférence internationale des armateurs le pouvoir de « déterminer sur la base pratique des affaires, quel est, dans son ensemble et à tout moment, la situation du marché mondial des frets, au point de vue de l’offre et de la demande ». De plus, Lord Essendon propose de mettre en place des compensations dans chaque État pour participer à la mise à la ferraille des navires. Chaque navire « déchiré » serait ensuite l’objet d’une rétribution par cette organisation « corporatiste ».
En outre, le dignitaire britannique étend son propos vers les subsides perçues par les armateurs. « Le plan de rationalisation des marines marchandes réussira s’il est bien convenu que les gouvernements n’augmentent pas leurs subsides. » Un point de vue que le président du Comité Central des Armateurs de France de l’époque, Georges Philippar, a expliqué dans un exposé. « L’armement français acceptera toute limitation de tonnage, à condition toutefois que les conditions soient équitables pour tous, non seulement pour les différents pays mais pour les différentes catégories de l’armement dans un même pays. »
La leçon de l’histoire nous inspire des applications actuelles. Pourquoi ne pas remettre sur pied ce projet qui a certainement été voué à l’échec par la période de tension en Europe? Déjà à l’époque, le président du CCAF pose la question des subsides gouvernementaux, qui « servent à combler l’insuffisance des recettes. On tient compte des subsides des pays voisins et la subvention finit par engendrer la subvention. » À la lecture de cet article, nous pensons à la phrase du président des États-Unis, Harry Truman, « ce qu’on dit être nouveau en ce monde, c’est l’histoire qu’on ignore. »